Art moderne

Picasso, sorcier de la préhistoire

Musée de l’homme, Paris-16e – Jusqu’au 12 juin 2023

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 21 février 2023 - 333 mots

Art Moderne -  Une vieille photographie de vitrine d’atelier en noir et blanc, où s’étalent statuettes et autres curiosités.

Un peu poussiéreux, peut-être. Mais l’atelier est celui de Pablo Picasso, celui des Grands-Augustins, photographié par Brassaï en 1943. Et, si l’on regarde bien, parmi les pièces de cette collection, on distingue deux moulages de la Vénus de Lespugue, sculpture paléolithique aux formes généreuses découverte dans la grotte des Rideaux, à Lespugue, en Haute-Garonne en 1922, et considérée comme un des chefs-d’œuvre de l’art de la préhistoire. Si l’on continue de scruter le cliché, on découvre une sculpture dont la petite tête et les formes évoquant l’érotisme et la fécondité semblent faire écho aux moulages de la Vénus. Voilà qui tombe à point : ces moulages, tout comme l’œuvre de Picasso intitulée la Métamorphose, sont exposés face à un agrandissement de ce cliché, au Musée de l’homme : l’exposition « Picasso et la préhistoire » prolonge le merveilleux parcours « Arts et préhistoire », où l’on peut d’ailleurs admirer la Vénus de Lespugue ! « Pourquoi j’aime ma Vénus préhistorique ? Parce que personne ne sait rien d’elle : la magie, ça va ! J’en fais aussi », aurait déclaré Picasso à André Malraux. Car c’est bien de magie qu’il s’agit – et c’est ce que raconte en filigrane l’exposition. Modeste par sa taille, cette dernière explore ce qu’a puisé Picasso dans cet art préhistorique que l’on commence à découvrir à la fin du XIXe siècle avec la grotte ornée d’Altamira, authentifiée en 1902, alors que le jeune Picasso vit encore principalement à Barcelone. S’il ne la visite probablement pas, ni celle de Lascaux plus tard, il découvre l’art préhistorique dans des publications et s’inspire de son imaginaire et de ses formes. Mais aussi, comme les artistes de la préhistoire, l’artiste chamane collecte des os et des galets qu’il grave en s’inspirant de leurs reliefs ou détourne des objets, comme la Vénus du gaz, brûleur de cuisinière qu’il transforme en déesse primitive… La magie, ça va, il en fait aussi !

« Picasso et la préhistoire »,
Musée de l’homme, 17, place du Trocadéro, Paris-16e, mnhn.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°762 du 1 mars 2023, avec le titre suivant : Picasso, sorcier de la préhistoire

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