Montrer ce qu’on n’est pas censé voir : telle est l’expérience remuante proposée par la Maison Robert Doisneau de Gentilly avec l’exposition « Et nos morts ? ».
Chronologique, ce parcours consacré à la photographie post-mortem aujourd’hui en Europe se déploie en trois grands chapitres (le trépas, la gestion, l’éloignement), après un rappel introductif sur l’histoire d’une pratique très codée. L’accrochage est aéré, les légendes détaillées, on sent le soin pris dans l’équilibre du choix des images sur un sujet pouvant générer malaise ou voyeurisme. Il y a beaucoup de douceur dans les portraits de Rudolf Schäfer – ses occupants de la morgue de Berlin semblent dormir – ou dans les détails de peaux et de cheveux saisis par Éric Dexheimer. Sophie Zénon choisit une forme allégorique avec cette danse macabre composée de radiographies recadrées sur des jambes qui semblent esquisser une danse. Mélange de fascination et de gêne, de beauté et d’effroi, devant ce triptyque de crâne en pleine crémation de Goran Bertok. Quant à l’autel photographique dédié à ses parents par Franck Landron, il constitue une épreuve, tant l’auteur ne cache rien de la déchéance des corps. Une exposition qui invite au débat sur une question éminemment sociale et politique.
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Photographie post-mortem, entre beauté et effroi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°769 du 1 novembre 2023, avec le titre suivant : Photographie post-mortem, entre beauté et effroi