Ses horizons ? D’un côté les eaux froides et grises, de l’autre le plat pays. Ses sujets ? Les pêcheurs affrontant les vagues, les paysans arpentant la glèbe. Les intégrer dans ses toiles est pour Constant Permeke (1886-1952) une manière de s’identifier à eux.
Leur présence physique remplit la toile, voire en déborde le cadre. Il a leur carrure, il connaît leurs luttes, comme eux il a le sens de la nature. Ce quotidien sombre des gens de son terroir, sa palette va encore l’obscurcir jusqu’à ne garder que les couleurs bleues, brunes et noires de la terre et de la mer qui requièrent leurs efforts. La perspective est absente, le fusain accentue les traits frustes, la matière picturale épaissit les membres lourds. Permeke peint à l’instinct. Sa générosité est sans artifices. Montrant ses balais, il dit un jour : « Voilà mes pinceaux. » On le croit aisément ! Quand il s’adonne aux nus, il construit les formes en limitant à l’extrême les jeux de nuances. Ces femmes ont les rondeurs de la fécondité heureuse de celle qui lui servit longtemps de modèle. Sa monumentale énergie ne s’éclaira que rarement, comme dans La Moisson de 1937.
Cette rétrospective du plus célèbre des expressionnistes flamands, inconnu à l’étranger, réunit cent trente œuvres et croise thèmes et repères historiques. Permeke s’y livre entier dans son authenticité rustre. Elle montre la force de sa relation organique avec cet univers étroit ancré entre Ostende et Jabbeke où son atelier-musée se visite.
Palais des beaux-arts, rue Ravenstein 23, Bruxelles (Belgique), www.bozar.be
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Permeke - L’œuvre au noir
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°652 du 1 décembre 2012, avec le titre suivant : Permeke - L’œuvre au noir