Pour la première fois, la collection de bijoux du Musée Barbier-Mueller est montrée en France : trois cents pièces spectaculaires, étincelantes et envoûtantes provenant d’Asie, d’Afrique et d’Océanie, autant de colliers, bracelets, anneaux de chevilles en or, argent ou ivoire, présentés comme une parade de parures.
PARIS - Réputé pour ses collections d’art primitif et ses expositions itinérantes, le Musée Barbier-Mueller a ouvert ses portes en 1977, après le décès de Joseph Mueller, collectionneur "d’art nègre" dans les années vingt. Depuis, Jean-Paul Barbier, son gendre et actuel directeur du musée, n’a cessé d’enrichir les collections de sculptures, tissus et bijoux d’Afrique, d’Océanie mais aussi d’Indonésie, d’Inde et de l’Amérique précolombienne.
Exposés dans la grande nef du Musée des arts décoratifs, les bijoux sont classés par régions stylistiques : art islamique, Afrique occidentale, Indonésie, Himalaya et Sud-Est asiatique, Inde et Océanie. Ils sont accompagnés de tissus et de photographies, reproduites par ailleurs dans un superbe livre, publié pour l’occasion par l’Imprimerie Nationale.
Née d’une longue tradition, l’orfèvrerie en Afrique de l’Ouest est remarquable. Les rois Akans se couvrent de bijoux en or, les Baoulés enfilent des perles d’or circulaires ou rectangulaires pour des colliers chatoyants, et les femmes Peuls arborent de lourdes boucles d’oreilles dont la taille augmente avec la richesse. Plus au nord, le métal de prédilection reste l’argent.
Les Berbères islamisés (Maroc et Algérie) fabriquent des colliers d’argent, d’émaux cloisonnés et de pièces de monnaie. Fibules, colliers et pendeloques, offerts sous forme de dot, constituent un patrimoine précieux qui se transmet de génération en génération. En Inde, les femmes portent en toutes circonstances une multitude de bracelets aux avant-bras, bras et chevilles.
Luminosité nacrée
À ces ornements baroques s’oppose l’étonnante modernité des parures Tamil Nadu (sud de l’Inde), cubiques et sphériques. La sobriété des formes se marie également à la diversité des matériaux chez les groupes appelés "aborigènes" de l’Inde. Les Bhil de la région de Kutch, par exemple, produisent de volumineux torques spiralés en argent, et les Naga du Nagaland allient avec bonheur le laiton, les perles de cornaline et les coquillages.
À l’inverse, l’archipel indonésien privilégie le travail de l’or martelé. Telles des parures "solaires", fines et délicates, on remarquera une couronne de l’île de Nias, un rare ornement frontal sacré de l’île de Flores, représentant "la barque des âmes", ou "les lunules de Sumba" portées par les esclaves lors des fêtes.
Enfin, à la luminosité nacrée des colliers des Philippines répondent les ornements très inventifs de coquillages et d’ivoire d’Océanie.
Ainsi, de l’or africain aux parures sacrées des îles des Mers du Sud, la somptuosité des métaux se fait sonore et le foisonnement des formes "narratif".
14 septembre-20 novembre 1994, Musée des arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris.
Livre-catalogue : J.P. Barbier, M. Butor et P.A. Ferrazzini, Parure, Imprimerie Nationale, 1994, 244 p, 176 ill. en couleurs, format 28,5 x39 cm, 650 F.
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Parures flamboyantes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : Parures flamboyantes