Les embargos économiques ont parfois des conséquences inattendues : pour Michael Rakowitz, l’embargo américain sur les produits irakiens dans les années 1990 a révélé sa vocation artistique.
Issu d’une famille juive d’Irak installée à Chicago, l’artiste a ouvert en 2003 un lieu hybride, entre épicerie orientale et centre d’art, où les produits irakiens manquaient régulièrement. De cette expérience est née une réflexion sur l’identité irakienne, réflexion renforcée par le pillage du Musée de Bagdad en avril 2003. La commissaire Fanny Gonella explique la démarche : « Il voyait un parallèle entre les rayons vides de son épicerie et les vitrines du musée pillé. » Depuis 2004, l’artiste reproduit à l’identique les milliers d’œuvres volées au musée, à l’aide des fichiers d’Interpol. Ses matériaux sont les emballages de produits alimentaires irakiens, très colorés : le résultat est présenté sous vitrine avec des cartels détaillés, comme dans un musée. Sur chaque cartel se trouve une citation d’une personnalité liée à l’Irak, de Gertrude Bell à Donald Rumsfeld : l’ironie affleure. « C’est une réflexion critique sur les musées, un sujet qui l’intéresse beaucoup », précise Fanny Gonella. En parallèle, Michael Rakowitz recrée à échelle 1 les panneaux sculptés du palais de Nimroud, détruits par l’État islamique en 2015. Entre art vernaculaire et démarche rigoureuse, les œuvres parlent de nostalgie du passé, et d’un pays fantasmé : car le sort veut que Michael Rakowitz n’ait jamais pu aller en Irak.
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Michael Rakowitz, la nostalgie du pays perdu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : Michael Rakowitz, la nostalgie du pays perdu