Son portrait trône à l’entrée de l’exposition bernoise : le port est altier, les cheveux gris coupés à la garçonne, le regard franc et autoritaire, la veste de plumes extravagante.
Ainsi se présente Meret Oppenheim (1913-1985) reconnue aujourd’hui comme l’une des plus grands artistes helvétiques du XXe siècle et dont la personnalité charismatique domine sans aucun doute la présentation de ses œuvres au musée de Berne, sa ville d’adoption – une exposition aux faux airs de rétrospective qui poursuivra sa route vers les États-Unis. C’est qu’il est particulièrement difficile d’appréhender ses peintures, dessins, sculptures et installations – au nombre de 200, dont la majorité issue du Kunstmuseum, l’artiste lui ayant fait don d’une partie de sa succession –, en ignorant les questionnements intimes d’Oppenheim. Ses œuvres oscillent entre souffrance et délivrance, rêves de liberté et étouffement, poésie et brutalité, harmonie et provocation, abordant en particulier, par de multiples portes d’entrée, le thème de l’indétermination de genre. L’artiste deviendra, à la fin de sa vie, une égérie féministe. Longtemps, son travail a été lu à travers le prisme de son appartenance au mouvement surréaliste auquel elle adhère dans les années 1930 alors qu’elle vit à Paris. Le goût du jeu de mots lisible dans les titres, les associations libres des formes et des matériaux, la fascination pour la fantasmagorie, pour les contes et surtout pour les rêves et leur analyse psychanalytique, témoignent de cette influence : dans cette lignée de création, on compte ses réalisations iconiques commeÉcureuil (1960-1969) ou Petit-déjeuner en fourrure (1936). Et pourtant son développement artistique s’est poursuivi bien au-delà de la Seconde Guerre mondiale et après son retour en Suisse, avec un cheminement personnel et solitaire qui faisait fi des modes et des mouvements. À artiste inclassable donc (et encore trop rarement exposée), exposition unique.
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Meret Oppenheim, papesse de l’art moderne suisse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°749 du 1 décembre 2021, avec le titre suivant : Meret Oppenheim, papesse de l’art moderne suisse