Photographie

L’univers photographique de Katinka Bock

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 11 avril 2023 - 608 mots

PARIS

Plus connue par ses sculptures, l’artiste allemande présente son travail photographique qui précède souvent son geste sculptural.

Paris. De Katinka Bock (née en 1976), on connaît ses sculptures et ses installations. Son travail photographique beaucoup moins, mis à part les images qu’elle met parfois en dialogue avec ses sculptures. Pour la première fois, il fait l’objet d’une exposition. « J’ai toujours photographié. La pratique n’est pas secondaire mais la photographie a toujours été à la périphérie de mon travail et a trouvé dans l’édition son support », dit-elle en montrant le dernier numéro de la série les One of Hundred. Commencées en 2013 et conçues avec le graphiste Louis Lüthi, ces publications auto-éditées, toutes déclinées sur le même format journal, sans titre ni texte, rassemblent un ensemble d’images en pleine page, liées au quotidien, à un voyage et/ou la préparation d’une exposition. On retrouve l’esprit qui les gouverne à la Fondation Pernod Ricard dans la sélection de photographies que Katinka Bock a faite et dans l’accrochage qu’elle a conçu.

L’intérêt récurrent porté aux mains, aux fragments du corps, à la chevelure, aux traces laissées sur une peau ou un sol et aux relations entre l’humain et la nature crée une constellation d’images au pouvoir narratif ouvert à tous les registres. Un simple cadrage resserré sur une abeille posée sur le dos d’une main ou sur un petit crabe au fond d’une tasse suffit à suggérer ou amorcer une histoire.

« De nombreuses photographies de l’exposition prolongent dans le champ de l’image, le vocabulaire de forme, de matériaux et de gestes à partir duquel Katinka Bock élabore son travail sculptural », explique Christophe Gallois, commissaire de l’exposition. « Le petit crabe sombre a été ainsi retrouvé dans une sculpture en céramique qui avait passé plusieurs mois dans l’eau en amont d’une exposition. » À l’inverse, « la photographie “Dead Cactus” [voir ill.] a précédé la production de plusieurs sculptures pour lesquelles des cactus aux formes longilignes ont été reproduits en bronze », poursuit-il.

On peut toutefois ne pas connaître le travail sculptural de Katinka Bock pour apprécier l’image d’une longue chevelure d’une enfant étendue sur de la paille ou le jaune vif de deux citrons charnus portés à bout de main. La modestie, l’humour, le jeu, les télescopages et les interactions prédominent dans cet univers visuel singulier, subtil et troublant, où le noir et blanc prévaut et la taille des tirages, souvent en format A4, sied à leur propos.

L’impulsion et la spontanéité

« C’est l’observation de la singularité d’une forme ou d’une relation qui suscite chez elle l’élan d’une image la plupart du temps », souligne Christophe Gallois, « comme pour ses sculptures, Katinka Bock travaille vite, de manière spontanée, soucieuse de conserver quelque chose de cette spontanéité dans l’image. » « L’usage du procédé argentique qui, à l’inverse du numérique, ne permet pas de visualiser immédiatement la photographie que l’on a prise, me permet de garder cette impulsion », ajoute-t-elle. L’image empreinte à son tour d’une situation spontanée ou provoquée que l’on ne peut corriger n’est d’ailleurs pas pour lui déplaire.

Pour sa première exposition photographique, Katinka Bock a sélectionné soixante-cinq photographies extraites de séries réalisées entre 2015 et 2022, dont la dernière liée aux recherches qu’elle a menées avec ses enfants dans la réserve d’objets archéologiques du galeriste Jean-David Cahn – pour l’exposition à la galerie Cahn, à Bâle, l’été dernier. « Toutes les images ont été produites pour l’exposition et la plupart n’avaient jamais été exposées », précise le commissaire. On ne trouvera aucune sculpture de l’artiste. Seules des pièces en céramique émaillée viennent souligner discrètement l’arête d’un mur, du moins une infime partie, ponctuation discrète comme peut l’être la photographie quand celle-ci s’inscrit à la marge de ses installations de sculptures.

Katinka Bock. Der Sonnenstich,
jusqu’au 29 avril, Fondation Pernod Ricard, 1, cours Paul-Ricard, 75008 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°608 du 31 mars 2023, avec le titre suivant : L’univers photographique de Katinka Bock

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