Serait-ce un papier peint ou un tapis aux motifs décoratifs abstraits ? Il faut un peu de temps pour que l’œil s’accommode à la planéité et à la densité ornementale de ce chef-d’œuvre de Matisse, et que l’esprit parvienne à reconstruire l’espace.
Apparaît alors une table rouge. Sur cette table, trois aubergines, une statue, un vase, deux fruits. Un miroir, posé à côté d’une cheminée, reflète cette nature morte. Le motif floral à cinq pétales du papier peint, les arabesques de la nappe et d’un paravent placé derrière la table envahissent la surface peinte dont ils soulignent la planéité. À droite, le regard pourrait s’échapper par une fenêtre ouvrant sur un paysage. Mais elle le retient. Nul volume, nulle perspective. De même, derrière le paravent, une porte se découpe sur les motifs du papier peint, laissant apparaître une autre pièce. Ce ne sont pas les volumes qui modèlent l’espace, mais l’harmonie des couleurs et leurs formes. « Je sens par la couleur, c’est donc par elle que ma toile sera toujours organisée », expliquait Matisse. L’Intérieur aux aubergines est l’un des quatre grands Intérieurs symphoniques qu’il compose en 1911. L’Atelier rouge est aujourd’hui conservé au MoMA à New York, L’Atelier rose au Musée Pouchkine à Moscou et La Famille du peintre à l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. L’Intérieur aux aubergines a été donné par la famille du peintre au Musée de Grenoble en 1922. Ce dernier abrite au total huit peintures de Matisse, qui donnent à voir l’évolution de l’artiste entre 1904 et 1917, de l’éclosion du fauvisme aux grandes compositions décoratives et aux peintures marocaines. Trois sculptures, une collection de dessins et une gravure permettent d’appréhender la diversité de sa création au sein de ce musée dont la collection d’art moderne, l’une des plus anciennes de France, est particulièrement riche.
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"L’Intérieur aux aubergines", de Matisse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°735 du 1 juillet 2020, avec le titre suivant : "L’Intérieur aux aubergines", de Matisse