Dans un parcours passionnant, le Mamac revient sur trente ans d’art niçois qui ont marqué l’art français.
Nice.« L’art c’est mon cul » proclame, dans l’un des plus beaux élans de cette propension à affirmer que tout est art, une affiche de Ben Vautier faisant la promotion d’une exposition dans sa galerie d’alors. Nous sommes au début des années 1960, à Nice, dans une intense période d’agitation créative.
L’histoire qui se déroule sur deux étages du Musée d’art moderne et d’art contemporain (Mamac) de Nice est connue – même si tous ses protagonistes n’ont pas acquis la même notoriété. Ce n’est nullement une raison pour ne pas y revenir, ce à quoi s’emploie brillamment Hélène Guenin, la directrice des lieux. Elle le fait en considérant une période de trente ans, de 1947 à 1977, au cours de laquelle ce qui s’est joué dans les avant-gardes artistiques françaises est en partie redevable à une bande de trublions niçois. En 1977, une forme de légitimation leur est acquise, lorsque le Centre Pompidou naissant leur consacre une exposition intitulée « À propos de Nice ». Trente ans plus tôt, trois ambitieux rêveurs avaient décidé, sur la plage, avec ce qu’il faut d’idéalisme et de désinvolture, de se partager le monde et d’en franchir les lisières : au poète Claude Pascal reviendrait l’air, à Arman la terre et à Yves Klein l’infini bleu du ciel.
Entre ces deux bornes chronologiques se déroule un moment de l’art unique, qui fait du réel sa matière première et, au début des années 1960, contribue à la fondation du Nouveau Réalisme auquel il ajoute les ingrédients d’un hédonisme local : une certaine idée du glamour (Claude Gilli), le soleil et la plage (Martial Raysse), la fureur des bagnoles (César, Bernar Venet), le jeu (Arman)… En parallèle, certains tel Yves Klein défient l’absolu et d’autres en repoussent les limites, comme Ben Vautier jetant Dieu – sous la forme d’un carton – à la mer. Par l’intermédiaire de ce dernier s’agrège à la cité azuréenne une bonne part de la planète Fluxus, transformant la ville en un magnifique théâtre à ciel ouvert de l’improbable.
Après ce riche panorama, la seconde partie de l’exposition revient sur des lieux marquants de cette histoire : le magasin de Ben à Nice et la Cédille qui sourit (atelier-boutique) de George Brecht et Robert Filliou à Villefranche-sur-Mer. Dans une salle parfaitement accrochée, est également explorée la radicalité des protagonistes de Supports-Surfaces travaillant dans la nature.
Loin des stratégies et postures qui animent aujourd’hui le monde de l’art, il est absolument réjouissant de constater que ces artistes ont fait de leur vie et de leur art le lieu d’une expérimentation constante, tenant dans le postulat du « tout est possible ». Ce faisant, ils se sont dotés d’un matériau unique : une absolue liberté.
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Liberté niçoise
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°483 du 7 juillet 2017, avec le titre suivant : Liberté niçoise