Art contemporain

Paris-16e

L’exposition qui fait boum

Musée d’art moderne – jusqu’au 9 février 2025

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 26 novembre 2024 - 328 mots

XXe Siècle -  Il y a près de cinq ans, l’historienne de l’art Maria Stavrinaki venait soumettre au Musée d’art moderne son projet d’exposition : regarder l’histoire de l’art du XXe siècle à nos jours, à travers le prisme de l’entrée du monde dans l’ère nucléaire, avec toutes ses implications.

L’exposition « L’âge atomique » a ouvert dans un contexte géopolitique radicalement différent, qui lui donne une portée particulière. De l’occultisme (Hilma af Klint) à l’abstraction (Vassily Kandinsky), en passant par l’inframince (Marcel Duchamp), le début du parcours montre comment une vision éthérée fait d’abord écho à la découverte de la désintégration de la matière. Elle précède la conscience tragique née du pouvoir destructeur de la bombe, qui se cristallise, après 1945, sous la forme du motif du champignon atomique et des analogies anthropomorphes reprises par les artistes, tels Salvador Dalí, Bruce Conner ou Laszlo Moholy-Nagy. La représentation de l’objet de terreur suprême ouvre cependant peu à peu la voie au banal, tandis que le nucléaire s’invite dans le paysage en temps de paix. On entre alors dans la troisième phase de l’exposition, qui aborde « la nucléarisation du monde », à travers les postures artistiques critiques, notamment d’artistes comme Nancy Spero ou Richard Hamilton. Chez Julian Charrière, les clichés paradisiaques de l’atoll de Bikini sont altérés par la conscience de leur contamination. Au moment où se tient cette exposition, les aiguilles de l’horloge de l’apocalypse (symbole de l’imminence d’un cataclysme planétaire) s’approchent dangereusement de minuit, heure fatidique. On pourra donc s’étonner du peu d’écho – à quelques exceptions près – que le thème du nucléaire semble trouver dans l’art contemporain, dont il constitue ainsi – par défaut ? – un impensé. Mais si cet accrochage qui réunit près de 250 œuvres, ne peut prétendre à l’exhaustivité, il intègre de façon remarquable des éléments de documentation, scientifiques et historiques, certains inédits, qui sont présentés sur des fonds sombres, alternant avec les cimaises claires. Le tout constitue une proposition dense, originale et d’une brûlante actualité.

« L’Âge atomique. Les artistes à l’épreuve de l’histoire »,
Musée d’art moderne, 11, avenue du Président Wilson, Paris-16e, www.mam.paris.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°781 du 1 décembre 2024, avec le titre suivant : L’exposition qui fait boum

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