A l’Est

Installée à Paris depuis 2001, la galerie Orel Art s’est fait une spécialité de l’art contemporain russe et d’Europe de l’Est. La nouvelle exposition d’automne a pourtant comme ambition de confronter artistes russes et plasticiens occidentaux ayant en commun une remise en question de la société contemporaine. Propriétaire des lieux, Ilona Orel insiste sur la perte de rationalité dans laquelle nous vivons : « À l’Est, plusieurs décennies d’amnésie culturelle ont affecté les artistes russes, les obligeant à opérer une relecture de leurs références à travers celles du monde occidental ; à l’Ouest, l’état général d’agressivité soulève des interrogations liées à de nouveaux codes, comme par exemple la culture du moi et de l’argent. »
L’un des principaux artistes est Andrei Molodkin, qui crée des sculptures en acrylique, remplies d’or noir, dénonçant le règne du pétrole et des dollars… Le passé et la guerre sont très présents parmi ses compatriotes. Sergey Shekhovtsov exploite la notion de sécurité, Arsen Savador démontre les clichés persistants dans l’esprit occidental sur l’ex-URSS, Valery Koshlyakov s’intéresse aux empires de la culture en reproduisant les monuments avec du scotch sur plastique et Yuri Shabelnikov conçoit le terrain de foot comme un espace guerrier entre les nationalités ! Les blessures sont encore vives.
Côté occidental, les trois principaux plasticiens (Stephen Shanabrook, Rupert Shrive et Raffaella Nappo) témoignent aussi d’un malaise profond, nécessitant destruction de l’être et de nos valeurs avant la rédemption... Le choc des cultures n’est pas si profond.