Art Contemporain - Le parcours réunit une quarantaine d’œuvres d’Iris Levasseur (née en 1972), réparties en six grandes thématiques.
Il donne à voir l’évolution et le renouvellement plastique de son œuvre, mais aussi ce qui en constitue le fil rouge : un art du collage en perpétuelle tension, entre figure et défiguration, engagement au monde et plongée dans l’intériorité, flux de l’actualité et intemporalité de l’art. Plaçant au centre de ses enjeux la figure humaine, le travail d’Iris Levasseur est réaliste. Réaliste en ce qu’il procède d’une observation aiguisée de l’esprit de notre temps. Qu’il s’agisse des modèles qu’elle convoque à l’atelier ou des lieux parcourus donnant lieu à des photographies ou des croquis, l’artiste trouve dans le réel environnant son matériel de base. C’est une source d’inspiration dans laquelle elle puise postures, attitudes, décors. Vient ensuite le travail de peinture et de dessin, souvent déployé sur des formats monumentaux. Dans cette recréation proche du théâtre, où l’artiste reconstitue un espace scénographique dans lequel elle fait jouer les figures, l’univers d’Iris Levasseur se déploie dans une étrange ambivalence qui tire le réalisme vers un monde onirique lié à l’invisible et à des forces ancestrales. Ainsi l’on ressent la violence et la noirceur de l’Histoire. Sans illustration, ni littéralité, plutôt par échos, lointains mais suggestifs, aux guerres, aux camps de la mort, aux violences urbaines. Une réalité sombre que l’on retrouve à travers la défiguration de certains visages, informels ou cachés par des capuches ; le morcellement des figures, gisantes souvent ; l’ambiguïté de l’espace, fragmenté lui aussi ou cloisonné. Mais il y a quelque chose d’autre dans ce réalisme noir. Le paysage se mue en drapé mystérieux. Une scène de jeu peuplée d’animaux immenses. Des singes, des oiseaux. Des figures se transforment. Des vestiges de statues reviennent à la vie. Un enfant nu sur un globe terrestre. Une figure à quatre ailes sur une barque. Ange, fétiche mésopotamien, qu’importe. Il y a dans cette présence une force autre, une réalité magique qui nous relie. Reflet de notre complexité mais aussi de l’esprit de notre temps tiraillé entre matérialité et spiritualité, entre visible et invisible.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les corps mis en scène d’Iris Levasseur
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°780 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : Les corps mis en scène d’Iris Levasseur