Iris Levasseur, artiste

Forcément, quand on fait le trajet gare du Nord-Pantin pour se rendre de son appartement à son atelier, le bitume que l’on arpente ne ressemble pas à celui des beaux quartiers. Sous le pinceau d’Iris Levasseur, cela se traduit par des corps d’hommes et de femmes dont certains se tiennent debout, tandis que d’autres sont allongés à terre. Sont-ils simplement tombés ou victimes d’une agression ? Iris dit ne pas le savoir : « C’est au spectateur d’interpréter ce qu’il voit. » Tout juste avoue-t-elle être étonnée par le nombre de personnes qui, dans la vraie vie, jonchent le sol. « La verticalité n’est jamais gagnée », philosophe même l’artiste.

Le corps, Levasseur en est tombée amoureuse très jeune, à l’hôpital, en faisant la tournée des patients avec sa mère médecin, le dimanche. Mais à l’hôpital, elle l’a vu nu et malade ; aujourd’hui, elle le peint habillé et plein de vie, aussi pour le plaisir de représenter « la sape ». « J’adore les fringues des banlieues. Ce goût pour la couleur, les mariages impossibles : c’est la Renaissance à chaque coin de rue ! »

Pour autant, sa peinture n’est pas un travail sur la banlieue. Il n’y a ni discours ni politique dans le travail d’Iris Levasseur. Mais une nécessité, une urgence et un peu de féminité dans un milieu – la peinture – plein de « testostérone ». La preuve : elle pense quitter Pantin où on lui a volé sa « mob ». Ailleurs ? Elle peindra autre chose. Tout en ayant envie de la même peinture.