Le Louvre présente une exposition pointue sur les artistes originaires des Pays-Bas dans la France du XVIe siècle.
Paris. Au Louvre, le grand public pourra se sentir un peu perdu en arpentant le hall Napoléon. Cécile Scailliérez, conservatrice au département des Peintures et commissaire de l’exposition, ne le cache pas : « François Ier et l’art des Pays-Bas » est une manifestation érudite. Si elle n’est pas tout à fait exempte de pédagogie, elle a surtout pour ambition de montrer les avancées de la recherche en la matière.
Cette exposition s’attache à présenter l’apport des artistes néerlandais actifs en France sous le règne de François Ier (1515-1547). Une thématique qui, jusqu’à il y a une trentaine d’années, avait été éclipsée par les études sur les artistes italiens ayant marqué de leur patte le royaume du plus célèbre des souverains Valois, de Léonard de Vinci à Primatice en passant par Rosso Fiorentino. C’est que « l’italianisme au sein du royaume de France est véritablement émergent au XVIe siècle, c’est pourquoi il a été davantage pris en compte que les courants d’influence septentrionaux, lesquels sont une tradition ancrée de beaucoup plus longue date », explique Cécile Scailliérez, qui rappelle que Jean Malouel ou les frères de Limbourg, natifs des Pays-Bas, traçaient déjà leur sillon en France au début du XVe siècle.
L’exposition se focalise sur une douzaine de personnalités artistiques venues des Pays-Bas qui se sont illustrées à Paris, en Île-de-France, Picardie, Champagne ou Bourgogne. Les deux plus célèbres figures sont tellement associées à l’art français que l’on en a presque oublié leur appartenance septentrionale. Ainsi Jean Clouet originaire de Valenciennes (ville alors intégrée à l’empire des Habsbourg) qui fut le portraitiste officiel du roi, ou Corneille de La Haye, Hollandais devenu dans l’esprit de tous « Corneille de Lyon » pour y avoir exercé son pinceau dans des petits portraits qui frappent par leur cadrage étroit et leur apparente spontanéité.
L’exposition a fait venir des œuvres des quatre coins du monde (elle réunit notamment toutes les peintures de chevalet de Clouet à l’exception de deux petites représentations des filles de François Ier) et se passionne pour les jeux d’attribution. Ainsi met-elle en exergue le portrait du marchand Pierre Aymeric (1534) conservé au Louvre, seule œuvre attestée de la main de Corneille de Lyon pour avoir été signée. À sa gauche sont accrochés des tableaux fermement attribués à Corneille tandis qu’à sa droite figurent des œuvres à la paternité plus incertaine telle cette jolie Comtesse d’Entremont (vers 1530-1535, Städelsches Kunstinstitut, Francfort-sur-le-Main) qui, pour être dotée d’une matière « un peu trop empâtée », est aujourd’hui considérée comme un pastiche.
Sans surprise, c’est dans le cas des artistes encore anonymes, auxquels les historiens de l’art sont venus donner des noms de convention, que les questions d’attribution sont les plus épineuses. On sait qu’entre 1518 et 1522 un artiste a peint à Amiens des « Puys », peintures offertes chaque année à la cathédrale Notre-Dame de sa ville et illustrant de manière allégorique des vers consacrés à la Vierge. Ainsi de cette œuvre monumentale Au juste pois véritable balance, chatoyante et fourmillante de personnages émanant des collections du Musée de Picardie d’Amiens. À travers l’étude du style du dénommé « maître d’Amiens », les historiens ont reconnu un élève de Jan de Beer, peintre anversois faisant la jonction entre l’art très détaillé de primitifs flamands et la tourmente du maniérisme leydo-anversois. Dans les lignes des volets du triptyque de L’Adoration des mages (vers 1516-1518), chefs-d’œuvre de Jan de Beer conservé à la Pinacothèque de Brera à Milan, les historiens de l’art ont reconnu la participation de la main très flamboyante de ce fameux maître d’Amiens encore très mystérieux. En bonne exposition érudite, l’exposition du Louvre formule plus d’hypothèses qu’elle n’apporte de réponse définitive.
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Les artistes du nord sous François Ier
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°489 du 17 novembre 2017, avec le titre suivant : Les artistes du nord sous François Ier