Les artistes chinois en France, une avant-garde méconnue

Si certains sont connus (Yan Pei-Ming, Huang Yong Ping), cette « famille d’artistes », selon l’expression des commissaires, reste à découvrir. Bien qu’amis et se considérant comme une famille, ils n’ont pas « fondé une école artistique », souligne l’artiste Wang Du (arrivé en 1990), car « chacun a fait sa carrière à sa manière », après s’être rencontrés durant leurs études. Ce dernier revisite avec humour la politique et la culture françaises dans ses sculptures, que ce soit la Porte de l’enfer de Rodin ou la guerre de Tchétchénie. Yan Pei-Ming, qui évoque « une famille symbolique », propose de grandes toiles sombres où résonnent les sujets d’actualité (migrants), ces mêmes sujets qui inspirent à Du Zhenjun ses photomontages de tours de Babel. Au centre de l’exposition trône la Round Table de Chen Zhen (décédé en 2000), qui critique l’inutilité des organisations telles que l’Onu. Cet artiste explore aussi par ses sculptures la société de consommation des années 1990 ou le vieillissement du corps et la politique constitue ici un fil rouge. Dans les témoignages vidéo, Yang Jiechang (arrivé en 1989) explique qu’il serait resté « un rouage de la société socialiste chinoise » s’il n’avait pas émigré et rencontré l’historien d’art et commissaire d’exposition Jean-Hubert Martin à Paris. « Ces artistes font une œuvre internationale, plus que nationale ou chinoise », souligne Sébastien Gökalp, directeur du MNHI, et l’exposition témoigne bien de leur ouverture à un monde globalisé.