Réunissant 78 aquarelles, dessins et pastels français des années 1820 à 1860, le Musée de la vie romantique à Paris célèbre les grands noms du romantisme, les moins connus et les écrivains dessinateurs. L’originalité du projet mené par Louis-Antoine Prat, commissaire de l’exposition, réside dans la provenance des œuvres sélectionnées, appartenant toutes à des amateurs parisiens.
PARIS - “Le romantisme n’est précisément ni dans le choix des sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. Ils l’ont cherchée en dehors, et c’est en dedans qu’il était seulement possible de le trouver. Pour moi, le romantisme est l’expression la plus récente, la plus actuelle du beau”, écrit Baudelaire au Salon de 1846. Le Musée de la vie romantique propose un large panorama du dessin des années 1820 à 1860. Ceux d’écrivains tels que Théophile Gautier, George Sand, Gérard de Nerval, Baudelaire ou Grandville – qui s’est amusé, de façon satyrique, à mettre en scène la Monarchie de Juillet en figurant des animaux anthropomorphiques (Un éléphant en bourgeois) –, sont mis en exergue dans une salle intimiste. Déjà montrée dans l’exposition “Du chaos dans le pinceau”, à la Maison de Victor Hugo, place des Vosges à Paris, l’œuvre graphique hugolienne est à redécouvrir avec des dessins à la plume, encre et lavis brun comme La Durande dans la tempête, de 1866. De Delacroix, avec le Christ au jardin des oliviers révélé comme personnage romantique et incarnation humaine de la souffrance, en passant par Ary Scheffer (Une femme auprès de deux cadavres de 1834), Gros et Barye (Lionne dévorant une gazelle), le visiteur s’étonnera parfois de ne pas trouver de feuilles d’artistes tels que Louis Boulanger ou Horace Vernet, qui n’ont pu être dénichées pour l’occasion. La thématique n’ayant pas été établie au préalable, mais en fonction des œuvres prêtées, elle manque parfois de logique. Ainsi, il est surprenant que des pièces datant du début du romantisme comme le Groupe d’Arabes au repos d’Alexandre-Gabriel Decamps ou encore la Paire de babouches de Delacroix ne soient pas accrochées aux cimaises de la seconde salle consacrée aux voyages, qui comporte pourtant des œuvres datées des années 1830. Le thème du portrait ponctue également le parcours, tout comme l’exaltation du sentiment religieux et l’évocation de l’ultime période du romantisme au travers d’œuvres d’Henri de Triqueti, Léon Benouville et Eugène Lami. Ce dernier restitue l’atmosphère d’Un concert dans un salon parisien au milieu du XIXe siècle. Ingres, le peintre qui a fait débat dans ce mouvement, est ici célébré pour son talent de portraitiste aux côtés de Chasseriau et de Pierre Révoil, chef de file du style troubadour, art anecdotique et historiciste.
- Dessins romantiques français, jusqu’au 15 juillet, Musée de la vie romantique, 16 rue Chaptal, 75009 Paris, tél. 01 48 74 95 38, tlj sauf lundi, 10h-17h40.
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Le dessin, une « manière de sentir »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°128 du 25 mai 2001, avec le titre suivant : Le dessin, une « manière de sentir »