François Mansart (1598-1666) partage avec Etienne de Silhouette, le préfet Poubelle et quelques autres le privilège d’avoir marqué de son nom la langue française.
Pourtant, les combles brisés ou mansardes, dont il fit un ample usage dans ses bâtiments, n’étaient pas de son invention. Son autre titre de gloire, la création de l’architecture classique « à la française », est pour le moins ambigu. Comme le note Claude Mignot : « Il est le seul architecte de sa génération à construire sur l’oblique, et à disposer des pilastres de biais comme Borromini, à jouer sur des lumières indirectes comme Bernin [...]. Le parangon de l’architecture classique française est un baroque. » En cette année du quatrième centenaire de sa naissance, deux expositions et un livre nous permettent d’apprécier enfin dans toute sa richesse la personnalité artistique du « plus galant » de nos architectes. Tandis que l’exposition des Archives nationales retracera sa carrière tout entière, celle de Blois s’attache tout naturellement à la construction du « corps neuf » du château de Blois, résidence de Gaston d’Orléans. Eclatant de blancheur depuis son récent nettoyage, ce magistral frontispice, où la monumentalité n’exclut pas la fantaisie, avait longtemps souffert de la proximité du légendaire escalier François Ier, au point que Flaubert le trouvait bête, et que Viollet-le-Duc avait refusé sa restauration.
Il s’impose désormais comme l’un des plus beaux témoignages de l’architecture du règne de Louis XIII. Quoique brillante, la carrière de Mansart n’atteignit pas les sommets auxquels elle pouvait prétendre. Ainsi, il échoua à devenir l’architecte du projet grandiose rêvé par Louis XIV pour le Louvre, de même qu’au Val-de-Grâce il fut remercié à cause de sa lenteur et de ses dépenses excessives, alors que les murs de la chapelle atteignaient à peine 3 mètres. Charles Perrault éclaire le caractère de cet éternel insatisfait, dont les revirements impatientèrent plus d’un commanditaire : « Cet excellent homme qui contentait tout le monde par ses beaux ouvrages ne pouvait se contenter lui-même; il lui venait toujours en travaillant de plus belles idées que celles où il s’était arrêté tout d’abord, et souvent il a fait refaire deux ou trois fois les mêmes morceaux. » Même en architecture, le mieux est souvent l’ennemi du bien.
Blois, Château, 14 juin-30 août, cat. Gallimard, 304 p., 290 F.
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Le comble de l’architecte
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°497 du 1 juin 1998, avec le titre suivant : Le comble de l’architecte