Le Bénin sur la Côte d’Azur

Une sarabande de présences, de corps, de visages, d’empreintes humaines hautes en couleur, parfois réalisées avec les matériaux les plus improbables, parcourt les espaces d’exposition de la Villa. Un géant au ventre tapissé de billets de banque foule au pied des centaines de pirogues rouges – des boîtes de sauce tomate éventrées – d’où surgissent des cannes à sucre. Stop, Ma Pa Ta [ma matière première n’est pas ta matière], cette installation de Benjamin Deguenon (né en 1982), qui donne son titre à l’exposition, dénonce l’exploitation des ressources du continent africain par des compagnies étrangères. Voyage vers Mars (2015) de Gérard Quenum (né en 1971), un amoncellement de têtes de poupées entassées dans l’espace étroit d’une pirogue, Voyage (2015) de Dominique Zinkpé (né en 1969), une autre pirogue constituée d’innombrables petites statuettes serrées les unes contre les autres et cernée de milliers de vieilles tongs en plastique, évoquent les souffrances et les drames associés à l’exil. Avec une incroyable énergie, Psycoffi (né en 1982) a réalisé en huit jours une fresque de plus de 20 m de long où surgissent des personnages et des animaux burlesques invraisemblablement enchevêtrés. Les installations d’Edwige Aplogan (née en 1955) réalisées avec des drapeaux africains et autonomistes des Caraïbes et des coupures de franc CFA interrogent les vestiges d’un passé colonial, tandis que les encres sur papier de Didier Viodé (né en 1979) expriment sa révolte face à la détresse des humains contraints à quitter leurs pays.