« Un portrait est une confrontation », souligne Alberto Garcia-Alix dans De donde no se vuelve (D’où l’on ne revient pas), film de 2008 réalisé à partir des images qu’il réalisa de l’underground espagnol au cours des années 1970-1980.
Dans ce diaporama, le photographe et cinéaste espagnol revient sur ce que représente pour lui la photographie à partir de ces images qui l’ont rendu célèbre. « La transgression, l’agitation et la révolte contre le système étaient nos valeurs », rappelait-il alors devant ses portraits et autoportraits, reflet d’une jeunesse indocile accro à l’héroïne et libertaire dans sa manière d’être au monde. Les images de cette période, montrées et remontrées régulièrement, on ne les retrouve pas à l’hôtel Fontfreyde. Les photographies qu’il a sélectionnées relèvent de ces seize dernières années. Pour mieux les voir et saisir le glissement de l’œuvre vers une approche plus intellectuelle qu’intime, il faut commencer par regarder De donde no se vuelve. Depuis, Alberto Garcia-Alix n’a pas abandonné l’autoportrait ni ses réflexions sur la mort, le nu, le corps ou la moto, autres axes majeurs de l’œuvre. On les retrouve, mais dans un registre plus conceptualisé, plus elliptique, sous d’autres formes, comme l’expriment des fleurs sur une tombe, un corbeau en bordure de mur, un visage entièrement tatoué au regard renversé ou le profil d’une roue de moto. L’autoportrait poursuit lui aussi ses propres développements, avec une dominante de gros plans et d’images superposées. De l’invitation de la Fondation des amis du Musée du Prado, initiée en 2019 pour le bicentenaire du musée et adressée à douze photographes, est née une série d’autoportraits et de détails de tableaux. Contrairement aux autres photographies, elles ne portent pas de titre. Peut-être leur en donnera-t-il un jour ? Quoi qu’il en soit, leur inscription dans cette exposition itinérante, conçue en 2017 pour la Galerie Xippas et le Centre culturel espagnol de Montevidéo (Uruguay), élargit le journal intime d’un homme qui, enfant, venait avec sa mère au Prado. Mère qui lui offrit, un jour, les lettres de Philippe II à ses filles, dont la relecture, couplée aux tableaux de Vélasquez exposés au Prado, n’est pas étrangère à ses dernières images.
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L’autre Alberto Garcia-Alix
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°752 du 1 mars 2022, avec le titre suivant : L’autre Alberto Garcia-Alix