La création contemporaine est particulièrement riche à Kinshasa, où fut fondée en 1957 une Académie des beaux-arts qui forma plusieurs générations d’artistes inscrits dans la modernité, puis suscita, dès les années 1980, des mouvements de réaction à l’académisme nourris d’échanges internationaux.
Cet héritage historique complexe et la vitalité performative de cette scène artistique ont donné envie à quelques connaisseurs de la région, parmi lesquels la politologue et historienne de l’art Dominique Malaquais, d’imaginer, il y a plus de six ans, une exposition autour de la mégalopole congolaise afin de « déconstruire le regard en surplomb sur l’Afrique ». En évitant les clichés inhérents au concept de ville africaine, « qui est une invention », souligne Dominique Malaquais. L’équipe curatoriale s’est étoffée, associant experts et artistes, au nombre de 71 dans l’exposition, pour la plupart nés après 1985. La co-commissaire souligne également le rôle prépondérant du scénographe Jean-Christophe Lanquetin, par ailleurs professeur à la Haute École des arts du Rhin, liée à l’École des beaux-arts kinoise par un partenariat décennal. La « linéarité de l’organisation de la ville », ses rues et ses avenues interminables lui ont inspiré « l’agencement de l’exposition, autour de cimaises qui toutes sont parallèles les unes aux autres », sans autre « scansion » pour guider le visiteur que le code couleur des différentes sections — ou chroniques. Histoire de pouvoir se perdre, un peu, dans la ville.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°739 du 1 décembre 2020, avec le titre suivant : L’art pour penser l’urbain