En 1926, une exposition baptisée « Reims magnifique » voulait hisser Reims dans la sphère du luxe et de l’art de vivre. L’architecte Ernest Kalas, directeur de l’Union rémoise des Arts décoratifs, disait en 1922 : « Nos villes, nos villages doivent renaître en beauté. C’est l’art, ce sont les arts qui constituent le charme de l’existence. »
Rivaliser avec Paris
Prenant modèle sur Nancy qui vit naître et prospérer l’Art nouveau, Kalas espérait tisser des liens similaires entre art et industrie. « Il souhaitait aussi positionner sa ville vis-à-vis de Paris qui va devenir une référence internationale à la suite notamment de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, précise David Liot, directeur du musée des Beaux-Arts de Reims. Il considère que Reims, la ville du champagne, peut devenir une capitale du luxe. »
Pour renforcer ce propos, l’exposition met en parallèle les emménagements des paquebots avec la décoration des bâtiments rémois. Même si certains artistes ont œuvré dans les deux arènes, la traversée du luxe de Reims à New York reste tirée par les cheveux !
En revanche, une certaine coquetterie existait bel et bien à Reims, comme en témoignent des lithographies reproduisant les Magasins modernes ou les Grands Magasins Jeanne-d’Arc.
Goulden, l’enfant du pays
Le raffinement se perçoit surtout dans les créations de Jean Goulden (1878-1946). Enfant du pays, installé définitivement à Reims à partir de 1928, cet orfèvre traverse toute l’exposition par le biais
d’une quinzaine de pièces. Ancien médecin, Goulden s’intéresse à la technique de l’émail après
avoir découvert en Macédoine les émaux byzantins. À Paris, le laqueur et dinandier Jean Dunand, l’initie à la technique de l’émail champlevé. Les formes géométriques ou cubistes et les matières froides qui caractérisent le mobilier Art déco gagnent ses coffrets et boîtes à cigarettes.
Bien qu’il soit emblématique du luxe des années folles, Goulden n’est que modestement présent dans la section dédiée à l’art de vivre ! Il occupe en revanche une place centrale dans la section dédiée à la nature. Une nature plus proche du vernaculaire que de l’Art déco.
Le coffret en argent et émail champlevé, prêté par la collection royale britannique, mérite toutefois cette entorse. Ce morceau de bravoure avait été commandé en 1935 par les grandes maisons de champagne pour honorer le jubilé d’argent de l’accession au trône du roi George V et de la reine Mary d’Angleterre. Le luxe champenois s’est ainsi insinué, en tenue de camouflage, dans les lambris britanniques !
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L’Art déco made in Reims, un art de vivre domestique plus qu’une enveloppe stylistique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°585 du 1 novembre 2006, avec le titre suivant : L’Art déco made in Reims, un art de vivre domestique plus qu’une enveloppe stylistique