Considérée par les Chinois comme la « huitième merveille du monde », l’armée en terre cuite de l’empereur Qin Shihuangdi prend d’assaut le British Museum pour quelques mois...
Ironie du sort, c’est sous la majestueuse coupole de la salle de lecture du British Museum où Karl Marx rédigea son Capital que sont exposés quelques spécimens de la fameuse armée en terre cuite de l’empereur Qin Shihuangdi découverte, en 1974, aux environs de X’ian, dans la province chinoise du Shaanxi. Un événement scientifique d’envergure, si l’on en croit le tapage médiatique orchestré par le musée et la presse britanniques. Mais aussi et surtout, comme le susurrent les mauvaises langues, une formidable monnaie d’échange à quelques mois des JO de Pékin...
100 000 dollars par mois
Car si l’exposition n’est pas aussi pharaonique qu’on l’espérait (quelque cent vingt pièces réparties sur moins de 1 200 m2), son coût dépasse en revanche largement les sommes allouées jusque-là à ce type de projet. Soit quelque cent mille dollars par mois de location en échange de la vingtaine de statues en terre cuite prêtées pour l’occasion, auxquels s’ajoute la coquette somme d’un million de livres dévolue notamment à la muséographie.
Grâce au mécénat de la banque Morgan Stanley, un faux plancher a ainsi recouvert pour trois ans les tables de lecture de la Reading Room, métamorphosant en spectaculaire salle d’exposition ce lieu d’ordinaire silencieux et feutré...
L’œuvre d’artistes inconnus
Ne boudons pas notre plaisir, cependant. Si elle ne peut bien évidemment recréer l’effet spectaculaire de masse du musée archéologique de X’ian, l’exposition britannique invite le spectateur à tourner magnifiquement autour des statues, à en percevoir la finesse des traits, la variété des agencements capillaires comme celle des armements. « Ce sont de vrais artistes qui ont créé ces pièces », s’enthousiasme ainsi Neil MacGregor, le très érudit directeur du British Museum. « On sent la main du créateur. Ces gens-là ont dû dessiner avant de modeler. »
Or, bien des mystères subsistent encore sur la destinée véritable de ces statues et l’identité de leurs auteurs. Sont-ils originaires d’Iran ou des steppes d’Asie centrale, comme le suggère l’universitaire anglaise Jessica Rawson ? De même, comment interpréter ces admirables effigies d’acrobates et de musiciens récemment découvertes, tout comme ces oiseaux de bronze d’une grâce que l’on croyait jusqu’ici étrangère à l’art chinois du iiie siècle avant notre ère ? Infiniment moins célèbres que les raides soldats de Qin Shihuangdi, ces pièces méritent, à elles seules, le déplacement à Londres.
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L'armée de X'ian en parade à Londres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°597 du 1 décembre 2007, avec le titre suivant : L'armée de X'ian en parade à Londres