Propulsés, cette année, commissaires du Pavillon français de la 16e Biennale internationale d’architecture de Venise, Nicola Delon, Julien Choppin et Sébastien Eymard, alias Encore heureux, ont, avec ce projet intitulé « Lieux infinis/Construire des bâtiments ou des lieux ? », tenté de coller au plus près du thème général de la manifestation, en l’occurrence : « Freespace », soit peu ou prou « espace libre » [lire p.68].
Leur sélection s’est portée sur dix projets disséminés à travers le territoire, telle La Convention, à Auch, ancien couvent transformé en habitat partagé, La Grande Halle, à Colombelles, ex-société métallurgique et futur tiers lieu de l’économie circulaire, ou Les Grands Voisins, à Paris, qui, dans l’attente de se métamorphoser en écoquartier, mixe accueil d’urgence et activation publique. Ces « lieux pionniers » explorent de nouvelles pistes grâce à « des processus tactiques et audacieux » comme l’appropriation citoyenne, la création de zones de gratuité ou l’intégration d’usages non programmés. Maquettes, dessins, films et photographies décortiquent chacun des projets. As de la récupération – ils ont d’ailleurs réemployé les matériaux de la scénographie de l’an passé, signée de l’artiste Xavier Veilhan –, le trio a d’ailleurs accroché, dès l’entrée du pavillon, tel un monumental et joyeux cabinet de curiosités, des objets issus de l’ensemble des lieux exposés. Mieux : ils ont décidé, une fois n’est pas coutume et parallèlement au Pavillon « officiel » des Giardini, d’œuvrer in situ en « réactivant », sur l’île voisine du Lido, l’ancienne caserne militaire Guglielmo Pepe, désaffectée depuis 1999. Histoire de mettre illico en pratique la théorie et montrer aux visiteurs l’étendue des possibles.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : L’architecture française en version infinie