BORDEAUX
Aucun magasin de sport n’aura réussi l’exploit de réunir autant de modèles célèbres de baskets (sneakers en anglais) que le Madd de Bordeaux.
L’exposition « Playground, le design des sneakers » rassemble six cents pièces – des baskets en majorité, mais aussi des prototypes, des photographies ou des films – qui racontent l’histoire de cet accessoire devenu, en cinquante ans, un objet de consommation planétaire. Les marques phares (New Balance, Reebok, Puma, Nike, Adidas, Asics…) s’y livrent une homérique compétition esthétique. À travers, notamment, les figures de nombreux sportifs qui ont ciselé leur renommée, à commencer par le tennisman Stan Smith et son mythique « chausson » éponyme (Adidas). Une fois n’est pas coutume, les designers sont à l’honneur. Ainsi en est-il de Bill Bowerman et Tinker Hatfield pour Nike, ou de Jacques Chassaing et Alexander Taylor (premier créateur à avoir conçu un modèle d’un seul tenant imprimé en 3D) pour le concurrent Adidas. Même les stylistes de mode Yohji Yamamoto, Jil Sander, Pierre Hardy et Jeremy Scott s’en donnent à cœur joie. Tout ce petit monde prend part au match commercial mondialisé. Ainsi, la cellule consacrée au basketteur Michael Jordan (premier sportif à disposer d’une marque à son nom avec, notamment, les mythiques Air Jordan carrossées par Nike) fait la nique à la vitrine dédiée à Kanye West (premier rappeur à avoir lancé une marque à son nom, dont on peut admirer quelques produits). Le parcours décrypte aussi les nombreuses contre-cultures (hip-hop, breakdance, rap, skate, danse contemporaine…) qui ont permis à la basket de glisser du terrain de sport à la rue et un rayon « recherches » montre comment les matériaux peuvent sublimer les performances. Derrière le phénoménal impact sociétal des sneakers sourd une indéniable richesse culturelle.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°736 du 1 septembre 2020, avec le titre suivant : À l’aise dans ses sneakers