C’est bien un âge d’or qui a débuté en Chine avec l’empire des Tang en 618 ap. J.-C. Il faisait suite à cinq siècles de désordres consécutifs à l’effondrement du grand empire des Han en 220. De nombreux royaumes s’affrontent alors pour le pouvoir, et la civilisation chinoise se modifie profondément en raison des immigrations massives venues du nord et des importants contacts commerciaux avec toute l’Asie. Pour évoquer cette période complexe, le Metropolitan Museum a conçu une brillante exposition de plus de trois cents objets provenant de fouilles récentes en Chine. Un ensemble de chariots et gardes à chevaux en bronze symbolise la fin des Han tandis que les plaques d’or représentant des animaux prouvent que les envahisseurs du Nord pratiquant encore l’art des steppes se montrent désireux de rivaliser avec la Chine centrale. Comment ne seraient-ils pas intéressés, tentés par le luxe qui afflue ? Dans les cours royales de riches tissus pour les somptueux costumes des dignitaires, des bijoux et verreries précieuses voisinent avec l’argent et le bronze, comme sur cette coupe ornée de personnages et branches de vigne retrouvée à Datong trahissant une forte inspiration hellénistique ou persane. Avec les marchandises, le commerce de la route de la soie contribue à diffuser diverses religions et surtout le bouddhisme. Bouddhas et bodhisattvas prennent toutes sortes d’apparences, en bronze doré avec des formes aiguës dans le nord ou sculptés en pierre, d’aspect plus rond, plus humain, dans le sud sous l’influence de l’Inde. Au début de la dynastie Tang, à l’entrée des tombeaux les statues de monstrueux gardiens veillant sur le repos des défunts défient les intrus ou les possibles pilleurs. L’époque l’exigeait. Autour de toutes ces évocations de créatures surnaturelles se pressent partout dans l’exposition des figurines (et quelques peintures murales) évoquant la vie terrestre avec sa musique, ses danses, ses chevauchées, ses convois de chameaux, ses beuveries, la coquetterie des dames, la morgue des fonctionnaires. Sortis de terre des pages d’histoire, des formes de pensées, des cultes, toute une société revivent, à voir avant qu’ils ne repartent vers les musées chinois.
« Chine, aube d’un âge d’or, 200-750 ap. J.-C. », New York, Metropolitan Museum of Art, 1001 Fifth Avenue at 82nd Street, tél. 212 535 77 10, 12 octobre-23 janvier 2005. Catalogue, Yale University Press.
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L’âge d’or des Tang
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°563 du 1 novembre 2004, avec le titre suivant : L’âge d’or des Tang