La vie de château

Palais d’été destinés à accueillir les amours des rois loin de l’étiquette versaillaise, les deux châteaux sont depuis toujours dédiés à la gent féminine. C’est au Grand Trianon que Louis XIV rend visite à la marquise de Montespan, puis à Madame de Maintenon ; c’est pour la marquise de Pompadour que Louis XV en transforme l’aménagement. Au XIXe siècle, il devient maison de printemps de Marie-Louise, puis de l’épouse et des filles de Louis-Philippe. Dans le sillage de ces femmes célèbres passent également leurs suivantes, ainsi que de jolies dames moins connues, conviées par le monarque le temps d’un spectacle.

Précipitation et déception
L’exposition rassemble les portraits de trente-six d’entre elles. Contraint par l’agencement des pièces, l’accrochage n’est pas chronologique mais thématique. Ce parti pris permet parfois une remise en contexte intéressante des tableaux – le grand salon Louis-Philippe est investi par les portraits des filles du monarque – mais reste dans d’autres salles relativement anecdotique : un petit boudoir propice à la rédaction pour Madame de Sévigné, le salon de la chapelle pour la dévote Marie-Thérèse d’Autriche… Impossible en effet de faire correspondre pertinemment chaque portrait avec un espace, et certaines dames côtoient parfois des voisines improbables, telles la Princesse Palatine (belle-sœur de Louis XIV) et Madame Royale (fille de Marie-Antoinette et Louis XVI), unies seulement par un vague lien avec la décoration de la pièce.

Commandée en janvier, inaugurée début juillet, le peu de temps imparti à la préparation de l’exposition rendait impossible tout prêt d’œuvres. Les tableaux présentés (Winterhalter, Nattier, Mignard, Rigaud, Gros…) sont tous issus des collections de Versailles, certains restaurés pour l’occasion. Impossible également de parfaire l’esthétique de l’accrochage, assuré par des chevalets parfois trop imposants pour les lieux. Reste une galerie de dames élégantes qui hantent plaisamment les pièces du petit château, exhibant leurs coiffures et leurs toilettes dans un joli défilé de mode. Une exposition d’été, légère mais agréable, somme toute à l’image de la vie que menaient ces dames à Trianon.