Adolphe Braun (1812-1877) a été l’un des photographes les plus influents du XIXe siècle en Europe, et l’entreprise photographique Ad.
Braun & Cie, l’une des plus florissantes. Les contrats d’exclusivité passés avec le Louvre, le Vatican et d’autres grands musées français ou anglais pour la reproduction d’œuvres d’art ont contribué à sa renommée. Paysages de montagne, sites alsaciens, voyage en Égypte, ruines causées par la guerre franco-allemande de 1870 ou par la Commune sont ainsi passés à la postérité grâce à lui. D’autres reportages ont connu moins de succès, tels les animaux de ferme ou les tableaux de chasse. Étrangement, la saga Braun a peu mobilisé jusqu’à présent les grandes institutions européennes détentrices de photographies de l’entreprise, à l’exception du Musée Unterlinden (détenteur d’un fonds important), de l’expert et collectionneur Christian Kempf et du Münchner Stadtmuseum à Munich, qui est à l’origine de cette monographie qui fera date grâce au florilège de tirages originaux et de plaques de verre au collodion rassemblés et à la recontextualisation de chaque série dans son époque. La série de tableaux de château de Chillon peints par Courbet durant son exil en Suisse a été ainsi réalisée d’après une photographie de Ad. Braun & Cie. La société fut aussi populaire en France qu’outre-Rhin. Les tensions entre les deux nations ont toutefois amené Adolphe Braun à passer sous silence certaines productions. Le retour en détail de l’histoire de ce photographe alsacien, chef d’entreprise visionnaire, le raconte à l’aune des découvertes. On n’en perd pas une miette.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°711 du 1 avril 2018, avec le titre suivant : La saga époustouflante d’Adolphe Braun