La Russie inconnue

C’est vers les années 1910 que les jeunes artistes russes trouvent en France une résonance plus grande que dans leur pays d’origine. À cette même période, les Ballets russes font fureur à Paris, éveillant un engouement pour cet Orient lointain. La Russie est à la mode. Léon Bakst voyage en France en tant que collaborateur de Diaghilev, Chagall entreprend le voyage à l’automne 1910, Kandinsky expose à Paris et passe ses vacances sur la Côte d’Azur, Soutine se rend à Vence, à Céret, puis à Cannes. Ceux-là connaîtront une gloire universelle, mais d’autres artistes verront leur fortune critique s’évanouir malgré la qualité artistique de leur travail. 

Si la renommée de Survage  perdure tout en restant au milieu du gué, qui se souvient de Boris Chaliapine, portraitiste hautement renommé en Russie dans les années 1920 ? De Jean Pougny, peintre franco-russe protagoniste important de l’avant-garde russe, organisateur de la première exposition cubo-futuriste à Saint-Pétersbourg ? Ou de Georges Annenkov, peintre d’avant-garde, célèbre décorateur de théâtre admiré par Proust, ou bien encore de Marie Vassilieff, dont l’atelier fut fréquenté par Matisse ? C’est pour leur rendre hommage que deux collectionneurs russes, Tatiana et Georges Khatsenkov, ont souhaité cet événement et sélectionné les trois cents tableaux qui jalonnent cette  exposition sensible.