La Normandie prisée par les photographes du XIXe siècle

Elle l’a aussi été pour la photographie peu de temps après son invention. « S’il y eut un foyer régional en France pour la diffusion, l’invention et le perfectionnement de la photographie, ce fut incontestablement la Normandie », souligne Sylvie Aubenas, directrice du département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France. L’exposition qu’elle cosigne narre cette histoire au fil de thématiques rassemblant des œuvres célèbres et d’autres méconnues, réalisées de 1840 jusqu’à l’apparition, en 1890, des premiers photo-clubs du Havre. Cette période a vu la résolution progressive de nombreux obstacles techniques, dont celui de la durée du temps de pose. Ce sont les frères Macaire, installés au Havre, qui ont ainsi appliqué, pour la première fois en 1850 aux marines, le procédé de daguerréotypes instantanés que le cadet, Louis Cyrus, avait mis au point pour faire des portraits, lors de son voyage en Amérique du Nord. Des vues maritimes qui ont passionné le Tout-Paris et qui ont poussé, deux ans plus tard, Gustave Le Gray à réaliser quelques-unes de ses images les plus célèbres. Tous les grands photographes et amateurs de photos ont alors séjourné en Normandie, attirés par les villes comme Le Havre, Rouen, Fécamp, etc., et par leurs sujets favoris : port, mer, plage, falaises, sites patrimoniaux, premières stations balnéaires dont ils s’emparent à l’instar des impressionnistes. La mise en parallèle de leurs photographies avec des tableaux de Claude Monet, Édouard Manet ou Berthe Morisot rappelle cet intérêt commun.