ROME / ITALIE
Face à un chef-d’œuvre tel qu’un triptyque de Bellini, qui penserait sérieusement à le tourner à 180 degrés pour en exposer son revers ? Cette démarche iconoclaste a toutefois le mérite de révéler des trésors insoupçonnés : des dessins du maître vénitien et de son atelier laissant libre cours à leur fantaisie et même à leur irrévérence.
Car, si côté pile on admire de nobles saints, côté face c’est tout un carnaval griffonné qui se déploie dans un cortège de saltimbanques, de personnages facétieux et même d’un évêque de carnaval. Cette exubérance graphique méconnue n’est pourtant pas un unicum. Loin de là. C’est la démonstration détonante que décline sur les murs de la Villa Médicis l’exposition « Gribouillage ». Depuis la Renaissance, et peut-être même plus tôt, les artistes ont en effet incessamment dessiné au revers des tableaux, raturé le dos des plaques de cuivre, mais aussi colonisé les marges des dessins, à l’instar de Titien croquant une tête enfantine à l’esthétique régressive dans le coin du portrait d’un borgne, ou encore de l’étonnante pratique graphomane des Carrache, du Bernin, sans oublier les portraits charges de Picasso. Le parcours ne se limite pas à un florilège de ce continent méconnu de l’art, car l’exposition propose aussi une réflexion stimulante sur la manière dont cette pratique récréative s’émancipe progressivement des marges artistiques pour devenir un processus créatif à part entière à l’instar de l’écriture iconique de Cy Twombly. Une exposition décapante.
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La face cachée de l’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : La face cachée de l’art