C’était l’un des secrets les mieux gardés de la place de Paris : le générique de l’exposition d’ouverture de la Collection Pinault, à la Bourse de commerce.
Quelle facette de lui le collectionneur allait-il présenter cette fois ? Le François Pinault pop et coloré façon Martial Raysse ? Le Pinault clinquant et « provoc’ » façon Jeff Koons ? Ou le Pinault radical et minimaliste, amateur des Wall Drawings de Sol Lewitt ? Les commentateurs en sont pour leurs frais, c’est un François Pinault hautement politique que l’accrochage déroule dans l’ancienne halle aux grains devenue bourse de commerce, avec, pour commencer, une monographie de David Hammons, artiste africain-américain qui place la question raciale au centre de ses installations. Dans la galerie de photographie, la série Helms Amendment de Louise Lawler n’est pas moins engagée : les 94 photos de gobelets en plastique, évocateurs d’un environnement médical, et les 6 textes sagement alignés dressent le portrait du Sénat américain en 1989. Ce dernier vient alors de voter, à six voix près, en faveur d’un amendement refusant d’allouer des fonds pour la prévention du sida. Sous chaque gobelet est indiqué le nom du sénateur qui a voté pour, dont Joe Biden à l’époque. Lorsque l’exposition fait une large place à la peinture, celle-ci est tout aussi militante, à l’instar des tableaux dépeignant la condition des Noirs aux États-Unis de Kerry James Marshall, des fragments de corps de Ser Serpas (artiste transgenre) ou des tableaux de Luc Tuymans questionnant le Mal et l’Histoire, que l’accrochage met en regard des corps nus de Miriam Cahn. « L’art est une école d’humilité », écrit le collectionneur dans sa préface à cette « Ouverture ». Judicieusement placée sous la verrière de la Bourse, la reproduction en cire à l’échelle une de L’Enlèvement des Sabines de Giambologna par Urs Fischer est là pour le lui rappeler. Comme à tous les visiteurs, du reste…
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La Bourse où l’art vit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°745 du 1 juillet 2021, avec le titre suivant : La Bourse où l’art vit