Au BACC (Bangkok Art and Culture Centre), le visiteur est accueilli par Golden Girl (2024), figure galbée et mobile de plus de 5 mètres de hauteur. Suspendue au cœur de l’atrium du bâtiment, l’œuvre du Coréen Choi Jeong Hwa (né en 1961) rappelle les formes voluptueuses de la Vénus de Willendorf, transmutée en une version monumentale et aérienne de la déesse de la fécondité du Paléolithique supérieur.
Intégré pour la première fois aux onze sites de la Biennale, le Musée national de Bangkok expose une autre figure majeure du XXe siècle : Joseph Beuys (1921-1986). L’intérêt profond de l’artiste allemand pour les civilisations non occidentales et l’Eurasie est ainsi ravivé grâce à la présentation conjointe, aux côtés de ses œuvres, d’objets d’antiquité d’Asie du Sud-Est. Un dialogue comparable est établi pour plusieurs artistes contemporains, parmi lesquels le Thaïlandais Dusadee Huntrakul (né en 1978), qui ont pu puiser dans les collections antiques du musée.
Au Queen Sirikit National Convention Centre, l’approche est plus contemporaine, avec notamment Telle mère, tel fils (2008, [voir illustration]), installation monumentale d’Adel Abdessemed construite à partir de carcasses d’avion. Sur le même site, Walk on Clouds (2019), vidéo d’Abraham Poincheval, et au BACC, Grosse fatigue (2013), vidéo de Camille Henrot ayant reçu le Lion d’argent à la 55e Biennale de Venise en 2013, complètent cette présence française.
Au cœur du dispositif curatorial de la Biennale depuis sa création, la performance retrouve sa place au BACC, mais à une échelle réduite. Celle d’Aleksandar Timotic, intitulée Are you hungry ? (2023) sort de l’ordinaire : les visiteurs peuvent le rejoindre autour d’une table pour éplucher des pommes de terre et l’écouter lorsqu’il s’interrompt dans sa tâche pour chanter de sa voix puissante de contre-ténor. Les performances de Dante Buu, Amanda Coogan et Moe Satt se distinguent également par leur originalité.
À la National Gallery de Bangkok, la Biennale présente un volet complémentaire sur la fluidité du genre et l’égalité entre les sexes, grâce aux œuvres de George K., Guerreiro do Divino Amor, Chitra Ganesh et Agnes Arellano, entre autres. À cet égard, « Gaïa » correspond également phonétiquement au mot thaïlandais kaya, dérivé du sanskrit et signifiant « corps ». Cette homophonie renforce la dimension vernaculaire et organique de la biennale, en écho avec la force régénératrice de la nature et unificatrice de la culture.
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La Biennale d’art de Bangkok se régénère
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°643 du 15 novembre 2024, avec le titre suivant : La Biennale d’art de Bangkok se régénère