Joseph Beuys, rendre visible les énergies de l’homme

La démarche de Beuys s’est matérialisée dans toutes sortes de productions sous forme de vitrines, d’actions et d’environnements dépassant les canons convenus du tableau et de la sculpture traditionnels. Les travaux de la seconde partie de sa carrière appartiennent à une forme d’expression initiée au sein du mouvement Fluxus, apparu au début des années 1960. Fondé sur la pratique de performances, de conférences et de débats, l’art de Joseph Beuys a porté Fluxus à un niveau de développement extrême, réalisant lors de chacune de ses manifestations toutes sortes de travaux spécifiques. Explorant l’extension des possibilités sensorielles du spectateur, il a ainsi développé le concept « d’élargissement » visant à rendre visible les énergies contenues et produites par l’homme et la nature. Pour la première fois depuis la disparition de l’artiste, l’exposition de la Tate Modern réunit un grand nombre des traces de ces interventions ponctuelles que l’artiste rassemblait dans des vitrines pour conférer à ses actes une pérennité plastique. De même elle présente quelques-uns des environnements monumentaux, les fameux Fonds réalisés in situ, que l’artiste a constitués avec ses matériaux de prédilection – le feutre, la graisse et le cuivre – en rapport avec l’épisode légendaire de son accident survenu pendant la guerre 39-45. Le pilote de chasse Beuys avait été abattu au-dessus de la Crimée et récupéré par des Tartares qui lui avaient ainsi sauvé la vie. Tout l’œuvre de Beuys trouve sa source dans ce mythe-là.