Des fratries d’artistes, on en connaît peu, à l’exception des frères Duchamp ou de la tribu Giacometti.
Celle constituée par Léopold et Aurèle Robert, fils d’une famille d’horlogers du Jura suisse, à laquelle deux musées des beaux-arts jurassiens, La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel, rendent hommage, est exemplaire du jeu de miroir en demi-teinte qui se joue souvent entre membres d’une même famille. La lumière, ce fut incontestablement Léopold (1794-1835) qui l’attira : un parcours à l’École des beaux-arts de Paris et un passage dans l’atelier de David, une carrière ambitieuse et prolixe menée en Italie et le succès assuré pour ses compositions de genre idéalisant le petit peuple italien. Dans l’ombre, il y avait Aurèle (1805-1871), le jeune frère venu assister l’aîné à Rome, qui non seulement aidait à tenir le rythme de production quasi industriel de l’atelier, mais assurait l’inventaire dessiné des commandes de son frère. Tout l’intérêt de cette exposition sur deux sites, outre le fait qu’elle offre un riche regard rétrospectif sur l’œuvre des Robert dont les deux musées conservent de nombreuses toiles, réside dans le glissement qui s’opère dans notre perception de ces œuvres. Les parts d’ombre de Léopold refont surface, ses doutes et frustrations nés de son éloignement de la peinture d’histoire, ce puits sans fond de mélancolie qui le mena à sa fin tragique. Et le talent d’Aurèle, peintre d’intérieurs d’églises italiennes dont il reconstitue avec finesse et une maîtrise quasi photographique l’atmosphère, qui survécut de longues années à son frère et donna naissance à une longue lignée d’artistes naturalistes, est enfin réévalué à sa juste mesure.
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Jamais sans mon frère
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°767 du 1 septembre 2023, avec le titre suivant : Jamais sans mon frère