PARIS
Dans le cadre de l’opération « Nouvelles Vagues » au Palais de Tokyo, visant à mettre en exergue le travail de jeunes curateurs, la prestation de l’artiste brésilien Henrique Oliveira, coaché par Marc Bembekoff, est proprement spectaculaire. Non au sens dépréciatif du terme, dont Guy Debord taxait les dérives de la société du spectacle, mais, au contraire, quand il flirte avec le curieux et le merveilleux.
À mi-chemin entre architecture et sculpture, l’œuvre que l’artiste a réalisée, intitulée Baitogogo, fait écho à la structure de l’édifice en métamorphosant son apparence en une forêt de piliers végétaux dont les ramifications s’imbriquent en d’improbables nœuds gordiens.
L’art du Brésilien réside dans la mise en jeu d’un matériau de construction familier du contexte urbain de son pays, le bois de tapumes, dont l’utilisation en plaques et en lames aboutées les unes aux autres lui permet de créer l’illusion d’une sculpture molle, sinon liquide. L’effet est saisissant. L’espace qu’il occupe est tout entier envahi à hauteur du plafond par le jeu serpentin du prolongement des piliers dans un mouvement étrangement organique. On pense à la façon dont certains sites archéologiques abandonnés peuvent l’être par des lianes.
D’une paradoxale sobriété formelle, le travail d’Henrique Oliveira ouvre le champ à toute une réflexion sur les rapports entre l’organique et le construit, le vivant et l’artificiel. Il y va de l’intelligente collusion entre nature et culture à l’élaboration d’un monde inédit qui en appelle à une vision fantastique et subversive de l’espace et qui renvoie à ces imbroglios graphiques virtuels en 3D. Curios et mirabilia, disait-on à propos des cabinets de curiosités du temps jadis. L’expression trouve avec Henrique Oliveira une nouvelle dynamique prospective.
« Henrique Oliveira. Baitogogo »,jusqu’au 9 septembre 2013 Palais de Tokyo, 13, avenue du Président- Wilson, Paris-16e, www.palaisdetokyo.com
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Henrique Oliveira d’improbables nœuds
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Henrique Oliveira d’improbables nœuds