« Rattraper un oubli un peu impardonnable. » C’est en ces termes volontaristes que Paul Lang, le directeur des musées de Strasbourg, a posé l’enjeu de l’ambitieuse rétrospective consacrée à Jean-Jacques Henner.
Étrangement, l’enfant du pays, abondamment représenté dans les collections publiques et qui possède même son propre musée monographique à Paris, est en effet longtemps resté dans les limbes de l’historiographie. L’artiste, étiqueté à tort académique, cumulait en effet deux « tares » : n’appartenir à aucun courant et surtout être perçu comme un peintre répétitif. Car Henner a inventé un genre qui a connu un succès phénoménal, ses fameuses rousses évanescentes lovées dans des paysages idylliques. Or, ces créatures marmoréennes ont fini par lui faire de l’ombre, et donner l’image d’un artiste qui fait toujours le même tableau. Un mauvais procès, évidemment, comme le raconte avec brio cette rétrospective riche de 90 tableaux et d’une quarantaine de dessins. Immense portraitiste, l’Alsacien a aussi brillé dans la peinture d’histoire et signé des tableaux inclassables et puissants, tels Religieuse ou une Pietà dotée d’un Christ expressionniste avant la lettre. Enfin, on l’a un peu oublié, mais Henner a aussi forgé une icône patriotique extrêmement populaire : L’Alsace. Elle attend. Cette allégorie des territoires perdus lors de la guerre de 1870 a été diffusée à très grande échelle, faisant de Henner l’artiste le plus présent dans les foyers français sous la Troisième République.
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Henner consacré en ses terres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°749 du 1 décembre 2021, avec le titre suivant : Henner consacré en ses terres