Art Contemporain - On croyait le disco tellement usé que son déclin dans les années 1980 semblait définitif.
L’exposition que lui consacre la Philharmonie prend pourtant acte de son come-back depuis quelques années dans les clubs et les bacs des disquaires, et s’attelle à réhabiliter ce genre roi des pistes de danse. L’entreprise repose sur une recette presque convenue : balayer l’image superficielle et commerciale du disco en en soulignant la portée politique. Chronologique, le parcours de l’exposition passe assez vite sur l’analyse musicale du phénomène, survole ses influences, grandes figures et innovations techniques pour s’attarder sur sa portée sociétale. Photographies, films, œuvres d’époque ou contemporaines et citations de titres de chansons hissent le disco en bande-son du mouvement des droits civiques, de la libération sexuelle et surtout des luttes LGBTQ+. Symétriquement, son déclin est montré au prisme du tournant conservateur de l’ère Reagan, qu’annonce l’autodafé de centaines de disques aux cris de « Disco sucks !» [le disco, ça craint], lors d’un match de baseball à Chicago en 1979. Mais le brio de l’exposition est ailleurs : dans sa scénographie. Sous la direction artistique du studio GGSV, celle-ci brasse néons et boules à facettes réinterprétés par une poignée d’artistes contemporains, fauteuils lamés or et costumes à sequins pour transformer l’espace en discothèque nappée de tubes planétaires par le DJ Dimitri from Paris. S’il a la vertu de faire fredonner le public, ce parti pris viendrait presque annuler la démonstration politique. Il semble en effet confirmer que le disco est avant tout une esthétique, et qu’en abuser peut changer la fièvre du samedi soir en gueule de bois.
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Grand soir et gueule de bois
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°784 du 1 avril 2025, avec le titre suivant : Grand soir et gueule de bois