George Grosz, photographe inconnu

Il est vrai que ce co-fondateur de Dada s’est toujours employé à dépeindre avec cynisme et talent les contradictions de la société allemande. Sans concession, ses œuvres possédaient une violence figurative pratiquement sans équivalent à l’époque. Blessés de guerres monstrueux, bourgeois débiles, femmes de petites vertus ainsi que futures dignitaires du régime nazi peuplent ses œuvres à l’esprit macabre. Pourtant, l’actuelle exposition de la galerie Tendances révèle un pan totalement inconnu de son œuvre : les photographies qu’il réalise en 1932. Cette année-là, George Grosz effectue son premier voyage aux Etats-Unis.
Il est alors invité par l’Art Students League pour réaliser une série de cours. Peu avant son départ, il fait l’achat d’un appareil Leica. Sur le bateau qui le conduit à New York, il se familiarise avec l’appareil en réalisant quelques vues. Mais c’est d’images faites à son arrivée à New York que se compose cette belle exposition. Toutes les photographies sont réalisées l’espace de deux journées, les 4 et 5 juillet 1932, lors de ses premières déambulations dans une ville qu’il rêve de connaître. C’est en observateur critique qu’il enregistre le peuple de cette métropole. Souvent, il se contente de cerner un motif : un groupe de personnes frénétiques, une série d’architecture. Curieusement, toutes ces images étaient restées à l’état de simple planche contact. Il aura donc fallu attendre près de 70 ans pour découvrir ces étonnantes photographies au style sans équivalent à l’époque.