À regarder les portraits exposés sur les cimaises du centre Paul Klee de Berne, il n’y a aucun doute : c’est bien une grande artiste qui fait l’objet de cette rétrospective, et pourtant une artiste dont le rôle fut jusqu’à présent minoré par l’histoire de l’art.
Grâce à des prêts généreux de la Fondation Gabriele Münter basée à Munich, cette première rétrospective sur le sol suisse de l’artiste allemande (1877-1962) remodèle notre appréciation de l’œuvre de la cofondatrice du groupe le Cavalier bleu. Un fait souvent passé sous silence, car c’est au Russe Vassily Kandinsky, au Polonais Jawlenski ou à l’Allemand Franz Marc, mort sur le champ de bataille de la Première Guerre mondiale, que sont spontanément associées les origines de l’expressionnisme au sein du groupe artistique De Blaue Reiter. La découverte du travail de Münter à Berne commence par la photographie, un art qu’elle pratique à ses débuts à l’occasion d’un long séjour aux États-Unis, puis plus tard en Tunisie ou à Paris, où elle séjourne avec Kandinsky, son fiancé de l’époque. Le goût d’une composition structurée et de la géométrie y pointe déjà. L’ensemble des travaux gravés qu’elle réalise en 1905-1906 à Paris, étonnants par la modernité de leur langage visuel et l’usage de coloris acides, est mis en dialogue avec des portraits, majoritairement féminins, pleins d’audace de par leur simplification à l’extrême des formes et la palette des coloris. Son intérêt pour la nature, amplifié par l’achat de sa maison à Murnau, dans la campagne bavaroise où elle passa la majorité de sa vie, se lit dans ses natures mortes où, une fois encore, les formes nettes et le goût des couleurs tranchées frappent l’œil. Moins convaincants nous semblent les travaux consacrés aux paysages plus plats et moins contrastés. Au final, une œuvre et une vie qui méritent amplement la redécouverte et, dans la rétine, le souvenir de quelques pépites.
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Gabriele Münter, l’oubliée de l’expressionnisme allemand
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Gabriele Münter, l’oubliée de l’expressionnisme allemand