Il y a des artistes qui font des monuments et d’autres qui le sont. Frank Stella, lui, appartient à ces deux catégories.
Artiste du monumental, Stella est l’un des derniers géants américains encore vivants. D’abord influencé par l’Expressionnisme abstrait, l’artiste efface – apparemment – toute trace de sa main à la fin des années 1950 et réalise sa série des Black Paintings. Avec Donald Judd et Carl Andre, il devient ainsi, dès les années 1960, une figure de proue du minimalisme américain. Peu à peu, Stella va se dégager des contraintes du tableau, en sortant du format rectangulaire traditionnel déjà (les Shaped Canvas), puis en faisant glisser peu à peu la peinture dans la troisième dimension. Véritable star aux États-Unis, Frank Stella a eu l’honneur d’inaugurer par une rétrospective le nouveau Whitney Museum, en 2015, à New York.
La Galerie Ceysson & Bénétière accueille dans son espace luxembourgeois une exposition d’envergure de Frank Stella, une première pour l’enseigne internationale qui a déjà montré le travail de l’artiste dans des expositions collectives. Une vingtaine d’œuvres, prints et sculptures, sont ainsi présentées sur les 1 400 m2 de la galerie – un espace est toutefois consacré à Viallat, contemporain de Stella –, dont la toute récente série des Salmon Rivers of the Maritime Provinces, des sculptures en résine recouvertes de couleurs criardes suspendues à des présentoirs. Le titre de la série, comme les titres de chaque œuvre qui renvoient à des lieux de la région de Québec (The Bonaventure, The Miramichi, The Cains, etc.), évoquent les parties de pêche partagées par l’artiste et son père. Ces sculptures aériennes représentent-elles le mouvement désespéré des poissons pris à l’hameçon ou sont-elles la simple matérialisation de dessins dans l’espace ? Elles poursuivent, en tout cas, le « baroquisme », comme on qualifie parfois le travail de Stella à partir des années 1980, et montre que l’artiste, à plus de 80 ans, continue d’inventer. Au risque, aussi, de bousculer les collectionneurs.
Figure historique de l’art américain, Frank Stella est présent dans les plus grands musées du monde. Les œuvres de la série Salmon Rivers of the Maritime Provinces sont proposées par la galerie entre 600 000 et 900 000 euros, en fonction du format (parfois plus de deux mètres avec la structure) et de la complexité. Monel Star (2017), une autre sculpture présente dans l’exposition, atteint les 5 millions d’euros. Réalisée dans un alliage à base de Monel d’une grande résistance – François Ceysson certifie que l’œuvre peut rester plusieurs années au fond de la mer sans être endommagée –, l’œuvre forme une étoile monumentale, comme celle installée par l’artiste au pied du mémorial du World Trade Center, à New York. Elle nous rappelle que stella signifie, en anglais, « stellaire ». Une star, vous dit-on !
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Frank Stella
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : Frank Stella