On a tous à l’esprit un chien (ou un chat) en train de dormir, museau dissimulé entre ses pattes, si bien enroulé sur-lui même qu’il n’est possible d’en appréhender que l’anatomie partielle, tronquée. Les sculptures de la Londonienne Kate MccGwire sont ainsi, corps sans queue ni tête recouverts d’une peau soyeuse et irisée – plumes de pie ou de cygne, bleu nuit ou blanc immaculé. Organismes tubulaires, aveugles, hermétiques, inachevés, tenant autant de l’oiseau que du reptile.
Exposées au Musée de la chasse et de la nature pendant trois mois, elles cohabiteront avec leurs cousins lointains les animaux naturalisés des collections permanentes. Et, comme avec notre chien de tout à l’heure, on n’ose pas s’approcher de peur de se faire mordre. Protégées par une cloche de verre, les sculptures semblent prêtes à s’activer, à se dérouler à tout instant, ne manquant pas de briser au passage leur contenant trop étroit. Au risque aussi d’y laisser quelques plumes. L’artiste sait jouer des contraires entre douceur (de surface) et violence (contenue), entre mobile/immobile, attirance/répulsion, sublime/monstrueux. Nature par trop maîtrisée, manipulée, qui prendrait sa revanche ? On peut spéculer sur tous les dénouements possibles, gores ou burlesques, y chercher des réponses bi-éthiques ou se contenter du plaisir purement plastique de ce déploiement en dormance. Ailleurs dans le musée, le taureau empaillé de Delphine Gigoux-Martin, soigneusement évidé par l’artiste et rempli d’ustensiles de cuisine, vous attend pour une performance-dînatoire.
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Étranges taxidermies
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Abonnez-vous dès 1 €Kate MccGwire, « Covert », Musée de la chasse et de la nature, 62,rue des Archives, Paris-3e. Le 23 octobre 2014 à 20 h3 0 sera proposé
« Le Festin du phénix », une performance dînatoire composée par Yves Camdeborde, à consommer à même le taureau de Delphine Gigoux-Martin. www.fondationfrancoissommer.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°672 du 1 octobre 2014, avec le titre suivant : Étranges taxidermies