Des milliers d’heures de travail, près de 80 photos toutes accompagnées d’un texte… « Controverses » a soulevé des questions auxquelles ont répondu les commissaires. Genèse d’une exposition…
L’œil : Quelles ont été les étapes du montage de cette exposition ?
Daniel Girardin : L’exposition a nécessité quatre ans de recherches. Avec Christian Pirker et une équipe de chercheurs, nous avons commencé par identifier près de quatre cents images qui, depuis l’invention de la photographie, ont déclenché une controverse. Après les avoir classées par catégories – droits d’auteur, morale… –, nous les avons ensuite analysées pour savoir à quels moments de l’histoire ces controverses sont apparues.
Après cela, il a fallu choisir les clichés et obtenir leurs droits auprès de leur auteur ou de leurs ayants droit, que nous avons rencontrés. Cela n’a pas été simple, car ces photos sont souvent synonymes de procès et de douleur. Par ailleurs, un accrochage intitulé « Controverses » pouvait être mal interprété, car « voyeuriste ». Or notre projet était, au contraire, de rapporter les faits, sans prendre part aux polémiques. Bien sûr « Controverses » est une expo engagée dans la mesure où elle parle de la liberté artistique et d’expression. Mais elle ne juge pas.
L’œil : Sur quels critères avez-vous sélectionné les photographies ?
D. G. : Les photos retenues devaient être représentatives de leur catégorie. S’il y a eu, par exemple, des centaines de procès de droits d’auteur, nous avons retenu le premier de l’histoire, celui de Mayer et Pierson en 1862 [Portrait du comte de Cavour]. Deuxièmement, nous avons choisi les images aussi pour leur qualité visuelle, car il s’agissait de faire une exposition et un catalogue de photographies, non d’éthique.
Souvent poignante, parfois drôle, l’exposition est toujours pleine de sens. Derrière l’histoire amusante des fausses fées [voir p. 67] et le débat national qu’elles ont provoqué, il y a par exemple la question centrale de la vérité et de la manipulation en photographie.
L’œil : Pourquoi avez-vous décidé de présenter les photographies par ordre chronologique et non pas par grandes catégories de controverses ?
D. G. : Car il y aurait eu un déséquilibre entre les catégories avec, par exemple, beaucoup d’images de guerre. Ensuite, certaines images appartiennent à plusieurs catégories : Toscani est à cheval sur la publicité, la religion, etc. Surtout, catégoriser revenait à rassembler des photos parfois très dures. Or, la présentation chronologique atténue le côté insoutenable de certains clichés.
Informations pratiques. « Controverses, photographies à histoires » jusqu’au 24 mai 2009. Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, 58, rue de Richelieu, Paris. Du mardi au samedi de 10 h à 19 h, le dimanche de 12 h à 19 h. 7 et 5 euros. www.bnf.fr
Toscani, sa double affiche. Auteur de la publicité pour Benetton reprise en affiche pour l’exposition « Controverses », le « controversé » photographe fait de nouveau la une de l’actualité culturelle en Italie. Conseiller à la culture de Salemi, petit village de Sicile, Toscani projette de créer un « festival infini ». Le concept : projeter 24 h sur 24 pendant 11 ans une collection américaine de vidéos menacée de dispersion.
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« Engagée, l’exposition “Controverses”? ne juge pas »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°612 du 1 avril 2009, avec le titre suivant : « Engagée, l’exposition “Controverses”? ne juge pas »