Né à Philadelphie dans une famille de quakers, Thomas Eakins (1844-1919) mène des études de dessin et d’anatomie, envisageant tout d’abord de devenir chirurgien. Cet intérêt pour le corps humain, qui restera au cœur de sa démarche artistique, est alors une nouveauté dans l’art américain dominé par la peinture de paysage.
En 1866, il se rend à Paris pour quatre ans, étudiant d’abord dans l’atelier de Gérôme. Il approfondit l’étude du modèle vivant et de la perspective, et acquiert une solide technique picturale. Dans l’atelier de Bonnat, il travaille le portrait et découvre les maîtres espagnols. Comme Bonnat et Courbet, il adopte cette préparation sombre qui avec le temps va altérer ses toiles. Eakins est profondément marqué par le « réalisme académique » de ses maîtres, mais semble indifférent à l’art d’un Courbet ou d’un Manet.
De retour dans son pays, il se consacre à la peinture de genre : courses d’avirons, musiciens, scènes de chasse, matchs de boxe, athlètes, baigneurs. Son attention se concentre sur les corps en mouvement dans une lumière naturelle. Il peint aussi de nombreux portraits, non sur commande, mais en choisissant ses modèles parmi les représentants de la recherche intellectuelle ou spirituelle (scientifiques, artistes).
Eakins provoque une première fois le scandale en exposant sa Clinique du docteur Gross (1875) qui montre en grand format une opération chirurgicale avec un réalisme cru et dramatique. Le deuxième esclandre, dû à la présence d’un modèle masculin entièrement nu dans une classe mixte, lui coûtera son poste de professeur à l’Académie de Pennsylvanie.
Par son enseignement, Eakins a largement contribué à sortir la peinture américaine de son enfermement. Basé sur l’étude du modèle vivant, de l’anatomie, de la perspective et de la lumière, il accordait aussi une place importante à la photographie en tant qu’outil de travail. Eakins s’intéressera de près aux recherches de Muybridge, et fut lui-même l’un des premiers photographes pictorialistes.
PARIS, Musée d’Orsay, 62, rue de Lille, tél. 01 40 49 48 14, 5 février-12 mai.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Eakins, un réaliste à Philadelphie
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Thomas Eakins (1844-1919)- "The Gross Clinic" (La Clinique du Dr Gross) - 1875 - huile sur toile - 240 cm x 200 cm - Source Wikimedia
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°533 du 1 février 2002, avec le titre suivant : Eakins, un réaliste à Philadelphie