PARIS
Il n’est pas fréquent de comparer deux grands artistes comme Degas et Rodin et de les voir se mesurer l’un à l’autre.
Au fil de cinq thèmes essentiels dans leur carrière, cette exposition fait de la rencontre Degas-Rodin un choc de géants, un assaut de talents, la confrontation de deux maîtres nés à peu d’années d’intervalle, issus de milieux opposés et morts tous deux en 1917. Contemporains des impressionnistes sans l’être eux-mêmes, formés à un académisme qu’ils oublient volontiers, acteurs de la modernité imprégnés des leçons du passé, ils gagnent de leur vivant la célébrité, Degas par la peinture, Rodin par la sculpture. Du paysage à la danse en passant par la photo, le cheval, le nu féminin, soutenus par une scénographie qui en explicite bien les propos, dessins, tableaux et sculptures montrent combien ces deux artistes n’ont eu de cesse de vouloir représenter ce qui est si difficile à traduire : le moment de l’action dans son essence même, le mouvement suspendu, pris sur le vif, que ce soit sur la toile comme dans le bronze. Ce désir partagé de fixer l’instant d’un geste, d’une pose, d’une allure, ils s’en emparent par des voies différentes, Rodin avec davantage de puissance, Degas avec plus d’élégance. Comme le prouve la grande salle consacrée à la danse, située au centre du parcours, ils se rejoignent dans une vision commune et audacieuse des rythmes du corps de la femme observée, épiée jusque dans son intimité. Bras levés, une jambe lancée dans l’air, un pied tenu par la main, entre les statuettes de Degas et celles de Rodin, les ressemblances sont frappantes. Plus grandes chez Degas, plus érotiques chez Rodin, le langage aérien de leurs attitudes est façonné d’un même travail des mains. Nouvelle proximité entre les pastels de Degas et les aquarelles de Rodin, celui-ci plus défoulé, celui-là plus refoulé. Avec deux cent soixante-dix œuvres, cette présentation est colossale. Mais les visiteurs qui ne connaissent pas l’allemand sont perdants. Aucune information, ni cartel, ni brochure, ni catalogue ne sont disponibles en français, pas même en anglais. Quel dommage !
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Degas vs Rodin, parentés et rivalités
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Abonnez-vous dès 1 €Musée Von der Heydt, Turmhof 8, Wuppertal (Allemagne), www.von-der-heydt-museum.de
Légende Photo :
Edgar Degas, Deux danseuses, 1900, pastel sur papier, 79x51 cm, Von der Heydt-Museum, Wuppertal. © Photo : Medienzentrum/Antje Zeis-Loi.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°698 du 1 février 2017, avec le titre suivant : Degas vs Rodin, parentés et rivalités