Photographie

Découverte de trois nouvelles photos attribuées à Rimbaud

Par Nathalie Diot · lejournaldesarts.fr

Le 15 mai 2019 - 522 mots

CHARLEVILLE-MÉZIÈRES

Prises par le poète en 1887, ces 3 photographies sont exposées jusqu’en octobre au Musée Rimbaud à Charleville-Mézières.

Arthur Rimbaud, Lavage des pieds au Choa, Ethiopie, 1887. © Photo Weltmuseum de Vienne.
Arthur Rimbaud, Lavage des pieds au Choa, Ethiopie, 1887
© Photo Weltmuseum de Vienne.

Sur le cliché sépia pris à Galla en Ethiopie, deux enfants sont assis sur l’herbe. Entre eux, « un Massaub, une table », explique la légende inscrite en Allemand. Ils regardent le photographe. Incroyable d’imaginer que derrière l’objectif se trouve « monsieur Rimbaud », ainsi que l’a découvert « estomaqué », le commissaire de l’exposition « Rimbaud photographe », Hugues Fontaine dans un registre du Weltmuseum de Vienne. Ce photographe, spécialiste de l’Ethiopie, a présenté pour la première fois à la presse mardi 14 mai, son incroyable découverte en préambule de son exposition au Musée Rimbaud

Dans l’inventaire de « 244 objets ethnographiques et 220 épreuves photographiques », déposé en mars 1892 par le savant autrichien Philipp Paulitschke, Hugues Fontaine a trouvé deux autres photographies attribuées à Rimbaud : celle d’un enfant lavant les pieds d’un jeune noble et une autre représentant la katama (citadelle) du ras Darghé. Après plusieurs mois d’analyses et de recherches, « un faisceau d’éléments » lui a finalement permis de lever les doutes sur leur attribution.

Arthur Rimbaud, Fortification en pays des Gallas Itous. Monts Tchercher, Ethiopie, 1887. © Photo Weltmuseum de Vienne.
Arthur Rimbaud, Fortification en pays des Gallas Itous. Monts Tchercher, Ethiopie, 1887
© Photo Weltmuseum de Vienne.

Autour de la date de prise de vue d’abord. Comme l’atteste les échanges épistolaires du poète avec sa famille, « Rimbaud commande en novembre 1882 une chambre photographique de voyage, reçue début 1883. Son intention était double alors : réaliser un ouvrage ethnographique sur le Harar et le Choa illustré de photos et de cartes et aussi ouvrir un studio pour gagner sa vie comme il avait vu faire à Aden ». Une tentative avortée au bout d’un an. En 1885, l’appareil est déjà revendu. 

Or, les trois tirages ont été pris entre le 1er mai et le 20 mai 1887, alors que l’explorateur Borelli et Rimbaud cheminent ensemble d’Entotto à Harar. Rimbaud revient alors de sa livraison d’armes ratée à Ménélik II. « Peut-être qu’avec Borelli, Rimbaud retrouve quelque chose de son envie de faire son ouvrage d’ethnographie et fait des photos avec le matériel de Borelli ».

Quant à l’ambiguïté autour du terme « collector » dans l’inventaire de Paulitschke plutôt que photographe, Hugues Fontaine observe que « tous les autres "collectors" mentionnés sont des photographes ».  Aussi, estime-t-il, qu’avec toute la « prudence scientifique » nécessaire, cette mention par un « savant réputé » « donne une attestation historique que ces photos ont été faites par Rimbaud ». « Reste à découvrir dans quelles conditions Paulitschke a eu ces trois images », détaille Hugues Fontaine qui s’attelle désormais à la correspondance du savant. 

Les trois tirages éclairent la vie africaine de Rimbaud en 1887, et viennent compléter les sept clichés pris entre 1882 et 1885, dont six appartiennent au musée Rimbaud : deux autoportraits (le troisième est à la BNF), une photo du marché à Harar, une représentant un fabricant de daboulas assis, une autre de la coupole Cheikh-Ubader et une dernière de Sotiro, également immortalisé par Paulitschke.

Toutes ces images de Rimbaud photographe seront présentées au Musée Rimbaud de Charleville-Mézières du 18 mai au 13 octobre. Fait exceptionnel, les trois autoportraits de Rimbaud seront réunis pour la première fois jusqu’en août. 

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