CHARLEVILLE-MÉZIÈRES
Charleville-Mézières. « Ce n’est pas une exposition sur l’œuvre Le coin de table, ni sur les seuls dix-huit mois pendant lesquels Rimbaud et Verlaine se sont connus », prévient la directrice du Musée Arthur Rimbaud, Lucille Pennel, à l’occasion de la visite de « Rimbaud Verlaine. Parallèlement ».
Prêté par le Musée d’Orsay, le seul tableau représentant les deux poètes côte à côte n’était pas venu dans son musée depuis 1991. À l’affiche cependant, deux portraits d’Arthur Rimbaud et Paul Verlaine, par Bonaventure Fieullien, graveur sur bois et prêtre ardennais… Un éclairage direct sur le fond du sujet : les points communs entre les deux hommes – l’Ardenne en particulier –, avant et après le scandale et leur relation amoureuse tumultueuse qui les fit connaître au-delà de leurs seuls talents poétiques.
Grâce à une rare collection issue d’une collaboration avec le Musée de la cour d’or, la médiathèque Paul Verlaine de Metz, la bibliothèque Jacques Doucet et le Musée d’Orsay de Paris, l’exposition entre dans une intimité diffuse qui déconstruit les deux clichés les représentant l’un éternellement beau et jeune, l’autre vieux et alcoolique, alors que seuls dix ans les séparaient. Photos de famille, lettres et poèmes manuscrits (Crimen Amoris de Verlaine écrit dans la prison de Mons ; Promontoire de Rimbaud, publié dans les Illuminations grâce à Verlaine), dessins autographes de Verlaine et Ernest Delahaye imaginant Rimbaud dans ses pérégrinations, jusqu’à ce face-à-face d’exception entre Un coin de table et l’édition des Hommes d’aujourd’hui, où Verlaine corrige le portrait de Rimbaud en se référant au fameux tableau.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°506 du 7 septembre 2018, avec le titre suivant : Dans l’intimité de Rimbaud et Verlaine