Encore un pari audacieux du conservateur Bruno Gaudichon : son programme d’automne de La Piscine remet en lumière, trente ans après le Grand Palais, l’âge d’or de la peinture danoise à travers un ensemble inédit de deux cents œuvres réunies par un collectionneur français.
Au Danemark, l’âge d’or désigne la peinture nationale de la première moitié du XIXe siècle, une période artistiquement brillante et prolixe qui dura une cinquantaine d’années, un art qui trouve son expression dans un romantisme et un patriotisme propres à faire oublier aux Danois les aléas de leur histoire. Les artistes de cet âge d’or ont d’ailleurs légué à leur pays quelques-unes de ses œuvres les plus emblématiques. Portraits, scènes de genre, tableaux d’intérieur et marines sont leurs sujets privilégiés, la peinture héroïque ou les sujets mythologiques étant moins significatifs. Le plus grand de ces peintres est incontestablement Eckersberg, le « père de la peinture danoise », qui a apporté à ses confrères un style nouveau après de longs séjours passés à Paris et à Rome. Il est représenté ici par une étonnante Procession de moines et une marine traitée avec une extrême minutie jusqu’à paraître abstraite. On retient également la finesse des coloris des rochers de Roed, les scènes inspirées de l’antique d’Abildgaard, les scènes de campagnes édifiantes de Rohde, plusieurs paysages de Skovgaard qui transcrivent une conception monumentale et sereine de la nature, des portraits simples et émouvants signés Marstrand et, surtout, La Danse de la poussière dans les rayons du soleil d’Hammershoi, d’une extraordinaire modernité. Andersen, génie de la littérature danoise, avait raison : « Tout est miracle tout est magie dans la vie quotidienne ! »
Dans un autre registre, toujours dans le cadre de cette saison danoise, une exposition intéressante se tient le long du bassin de La Piscine. Elle raconte une histoire d’amitié artistique, féconde, constructive, entre deux artistes a priori si différents, le Danois Asger Jorn et le peintre français Pierre Wemaëre, une amitié qui dura jusqu’à la mort du premier en 1973. Le parcours déroule leur histoire picturale, depuis leur rencontre dans l’atelier de Léger en 1936 où ils feront leur émancipation esthétique, jusqu’à la signature d’un pacte d’amitié artistique sous la forme d’une immense peinture murale réalisée ensemble dont on découvre les dessins préparatoires. Le spectateur suit le travail de ces artistes qui se sont regardé grandir, évoluer, travaillant parfois à quatre mains, notamment dans la création d’étonnantes tapisseries qu’ils exécuteront en direct. La scénographie intimiste et les œuvres judicieusement choisies sont réjouissantes.
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Dans le bain d’une passion danoise
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°663 du 1 décembre 2013, avec le titre suivant : Dans le bain d’une passion danoise