REIMS
Le Centre des monuments nationaux et le château de Versailles s’unissent pour faire revivre les cérémonies des sacres des rois de France de 1610 à 1825.
REIMS - Rien de plus naturel que de raconter le sacre des rois de France au palais du Tau. L’histoire de ce bâtiment est en effet profondément liée à cette grande cérémonie religieuse qui devait conférer au monarque son caractère divin. Résidence archiépiscopale, le palais du Tau servait aussi de demeure au roi pendant son séjour à Reims et accueillait préparatifs et célébrations entourant le sacre qui se déroule dans la cathédrale attenante. Depuis son ouverture au public en 1972, le palais présente d’ailleurs au public le trésor du sacre dans deux petites salles jouxtant la chapelle. Des insignes royaux, tel le calice en or du XIIe siècle dit de Saint-Rémi, dans lequel vint-cinq rois ont trempé leurs lèvres et qui a été sauvé de la fonte révolutionnaire, rencontrent des dons faits par les rois à la cathédrale tel le somptueux reliquaire de sainte Ursule, offert par Henri III à l’archevêque de Reims en 1574.
L’exposition temporaire déroulant le sacre des Bourbons, de Louis XIII (1610) à Charles X (1825), vient enrichir cette présentation permanente. Le parcours jette d’abord la lumière sur des rois bien plus anciens qui connurent les honneurs de l’historiographie. Sur les cimaises venant temporairement scinder en divers espaces l’immense salle du banquet du sacre – dont la charpente rappelle la forme d’une carène de navire – l’accrochage débute avec l’évocation de Clovis dont le baptême survenu en 498 est à l’origine de la tradition du sacre royal à Reims à partir de 816. Un tableau de François-Louis Dejuinne ressuscite le souverain franc recevant de l’eau de l’évêque Rémi. À ses côtés, une deuxième toile, signée François Dubois, représente le premier sacre royal, advenu à la basilique de Saint-Denis : Pépin le Bref reçoit l’onction devant son épouse Berthe au grand pied. Ces deux tableaux ont été commandés par Louis Philippe pour l’ouverture du Musée de l’histoire de France à Versailles, en 1837. Le château de Versailles est en effet le premier prêteur de l’exposition, honorant ainsi pour la première fois et avec une trentaine d’œuvres le partenariat qui l’unit depuis 2013 au Centre des monuments nationaux (CMN).
Le déroulement du sacre dans ses moindres détails
Exposer des meubles et tableaux du château dans des monuments gérés par le CMN pour leur donner plus de visibilité, tel est le but de l’accord passé entre Catherine Pégard, à la présidence du château de Versailles, et Philippe Bélaval, président du CMN. Pari réussi : sur les sept portraits monumentaux de souverains présentés en clôture de l’exposition, cinq proviennent de Versailles. Ils ne sont jamais accrochés ensemble ou viennent tout droit des réserves, tels les deux Louis XV en costume de sacre. L’un, nouvellement sacré, sort tout juste de l’enfance. L’autre, quarante ans plus tard, reprend la pose pour actualiser son image dans les institutions publiques. Les joues sont moins roses, mais l’œil reste noir.
Le reste du parcours s’attache à retracer le déroulement du sacre dans les moindres détails, du transfert à Reims des insignes conservés par les moines de l’abbaye royale de Saint-Denis au retour triomphal du roi à Paris. Les préparatifs du sacre de Charles X – les mieux documentés de l’histoire – sont sans conteste le point d’orgue de l’exposition. Meubles, orfèvrerie, décors, costumes sont conçus et fabriqués par le service des Fêtes et cérémonies, héritier de l’administration royale des Menus Plaisirs. À noter la présentation de huit tabards en velours de soie recouverts d’or qu’arboraient les hérauts d’arme pour symboliser la pompe monarchique et les panneaux de caisse de carrosse dorés recouverts de putti encerclant les armes de France et le chiffre de Charles X. Le faste déployé n’empêcha par le roi de tomber cinq ans après la cérémonie qui devait le rendre invulnérable.
Commissariat : Frédéric Lacaille, conservateur en chef au Musée national des châteaux de Versailles et du Trianon et Benoît-Henry Papounaud, administrateur du Palais du Tau
Nombre d’œuvres : environ 70
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Dans l’antichambre du sacre des rois
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 2 novembre, Palais du Tau, 2 place du Cardinal Luçon, 51072 Reims, tél. 03 26 47 81 79, www.palais-tau.monuments-nationaux.fr, tlj sauf lundi, 6 mai-8 septembre 9h30-18h30, et 9 septembre-5 mai 9h30-12h30 et 14h-17h30. Catalogue, éditions du Patrimoine, Centre des Monuments Nationaux, 63 p., 12 €.
Légende photo
Calice du sacre, dit Calice de Saint Rémi, XIIe siècle, or, incrustations de pierres, collection Palais du Tau, Reims. © Photo : Pascal Lemaître/CMN.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°416 du 20 juin 2014, avec le titre suivant : Dans l’antichambre du sacre des rois