Récits - Dès sa création en 1863, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a documenté en photographies ses activités.
Ses institutions sœurs, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ou fédérations nationales, en ont fait progressivement de même, tandis que le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, à Genève, détient sa propre collection d’images liées à l’action humanitaire. L’étude de ces fonds, menée par Pascal Hufschmid, directeur de ce musée, et par l’historienne de l’art Nathalie Herschdorfer, aboutit à une instructive réflexion sur les partis pris et les usages de ces images et leurs limites. Conflits ou catastrophes environnementales, les récits visuels produits « servent à documenter l’intervention humanitaire et à alerter les populations – majoritairement occidentales – pour solliciter, entre autres, leur soutien financier », souligne-t-il. La photographie, donc, comme puissant moyen de communication pour mobiliser fonds et bénévoles, montrer et témoigner des souffrances humaines : trois axes que leur parcours d’une grande clarté décline à travers 160 ans d’archives. Des codes visuels de représentation développés au fil des conflits de par le monde, famines ou épidémies, apparaissent et se développent. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’attention est surtout portée sur la figure des humanitaires et sur leurs actions, avant de se focaliser sur le regard des victimes, de l’enfant en particulier. Aux images du début réalisées par le personnel de la Croix-Rouge et non signées, se substituent peu à peu des photographies de professionnels, en particulier de l’agence Magnum, qui fait l’objet d’un focus. Ces images humanitaires ne prennent toutefois pas en compte le hors-champ qu’aborde l’exposition dans une dernière partie à travers deux travaux. Le premier, auquel on peut échapper si on n’y prête pas attention, concerne des photos réalisées en 2017 par 26 jeunes du bidonville de Port Harcourt au Nigeria, à qui le CICR a donné des appareils jetables pour photographier leur quotidien. Le second, objet d’une installation spécifique, ramène à Talashi d’Alexis Cordesse, un travail sobre de collecte de photographies et de récits, mené auprès d’exilés syriens rencontrés en France, en Allemagne et en Turquie, entre 2018 et 2020. Des mots à écouter, autant que des images du quotidien prises en temps de paix à regarder.
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Croix-Rouge : 160 ans de photographie humanitaire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°770 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : Croix-Rouge : 160 ans de photographie humanitaire