Consortium et consorts

Un bel ensemble de souvenirs à Beaubourg

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 20 novembre 1998 - 521 mots

Alors que la collection du Musée national d’art moderne tourne à New York et en région, le Centre Georges Pompidou accueille celle de l’association dijonnaise “Le coin du miroir ? qui gère Le Consortium. Un ensemble qui reflète fidèlement la politique d’exposition du centre d’art.

PARIS - À son ouverture, en 1982, Le Consortium à Dijon, cet ancien magasin d’électroménager débusqué par Éric Colliard et Michel Verjux, a été utilisé par trois associations : “À la limite”, “Déjà vu” et “Le coin du miroir”. Avant d’en prendre les rênes, les membres fondateurs de cette dernière, Xavier Douroux et Franck Gautherot, organisaient déjà à Dijon des expositions depuis 1977, d’abord au-dessus de la librairie “Les doigts dans la tête”, puis dans un appartement, 55 rue Saumaise. Plus de vingt ans plus tard et rejoints entre-temps par Éric Troncy, ils lèvent un peu plus le voile à Paris et à Dijon sur ce qui est qualifié sur le site Internet du Consortium de “butin secrètement constitué”. On pourra d’ailleurs s’interroger sur la définition de “butin”, à retenir parmi celles proposées par le Petit Robert : “Ce qu’on prend à l’ennemi, pendant une guerre, après la victoire”, “produit d’un vol, d’un pillage” ou “produit, récolte qui résulte d’une recherche” ? Un centre d’art n’ayant pas normalement pour vocation de collectionner, le Coin du miroir n’a pas officiellement de budget d’acquisition. Des fonds sont cependant dégagés de ses opérations commerciales. La plupart des achats, selon Franck Gautherot, résultent “d’arrangements avec les artistes” et sont “liés aux circonstances”. La présentation à Beaubourg a également permis “de régulariser des choses, comme pour Armleder ou Sylvie Fleury”.

La première salle de l’exposition du Centre Georges Pompidou – la reconstitution de celle du Consortium, jusqu’à son radiateur – accueille à la fois la première pièce acquise, Affiches (1977) de Hans-Peter Feldmann, et l’une des dernières, Where the strange things are (1996) de Plamen Dejanov et Swetlana Heger. Ailleurs se déploient des œuvres historiques, telle la maquette en carton The Gordon Matta-Clark Museum (1987), de Dan Graham, ou la grande installation de Jessica Stockholder, House Beautiful (1994), une pièce convoitée depuis par le collectionneur Charles Saatchi. L’exposition réserve une large place aux artistes habitués aux cimaises dijonnaises, comme Bertrand Lavier qui a participé à pas moins de 18 expositions – personnelles ou collectives – organisées depuis 1982 par le Consortium. On peut s’étonner de certains rapports de force : ainsi, dans la salle 5, Rémy Zaugg semble avoir poussé dans un coin Morellet et Knifer. D’autres espaces font écho à des expositions déjà montées à Dijon, comme le “Red Show” qui réunit des pièces rouges de Buren, Diao, McCollum... ou “Moral Maze”, avec Bulloch, Cattelan et Burkhard, qui symbolise un renouveau dans la programmation dijonnaise. En définitive, les habitués de l’institution ne seront pas dépaysés, puisque près de 90 % des œuvres ont déjà été montrées par le centre d’art. Tout de même, un bel ensemble de “souvenirs”.

DIJON/LE CONSORTIUM.COLL

Jusqu’au 14 décembre, Galerie sud, Centre Georges Pompidou, 19 rue Beaubourg, tél. 01 44 78 12 33, tlj sauf mardi 10h-22h. Catalogue “Compilation, une expérience de l’exposition�?, 608 p., 350 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°71 du 20 novembre 1998, avec le titre suivant : Consortium et consorts

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